Regroupant plus de 600 titres, entre beaux-livres, photographies et manuscrits dont certains remontent au XVIe siècle, cette acquisition était l'occasion pour le public algérien de constater la richesse de ce patrimoine qui retrace un pan entier de notre histoire commune. Hier dans la matinée à la Bibliothèque nationale (Alger), s'est déroulée l'exposition des archives historiques algériennes récupérées le 31 mars dernier lors d'une vente aux enchères à la maison Marambat-Malfosse de Toulouse, en présence des ministres de la Culture et des Affaires religieuses, respectivement Azzedine Mihoubi et Mohamed Aïssa, et du directeur de l'Enag, Hamidou Messaoudi. Ainsi plus de "six cents documents, dont des livres, photographies, manuscrits et cartes géographiques", ayant appartenu à une famille française, et datant pour la plupart de la période ottomane et des premières années de la colonisation française, avec une petite partie remontant aux XVI-XVIIe siècles, à l'image des deux volumes Sur les royaumes d'Alger et de Tunis, de l'ecclésiastique anglais Thomas Shaw, ont été acquis pour la somme de 94 000 euros. L'origine de cette acquisition inestimable, nous dira Messaoudi, est "la participation aux enchères qu'un Algérien résidant en France nous a signalée. Après l'aval du ministère, on s'était rendus à Toulouse pour récupérer ces documents d'une grande valeur sur l'histoire de l'Algérie, des cartes géographiques remontant au XVIe siècle, d'autres au XVIIe siècle et une lettre manuscrite faite juste après la colonisation de note pays". S'agissant de la place de ces archives, il nous précisera qu'"elles seront au niveau de la Bibliothèque nationale", tandis que "le livre en deux tomes sur l'Emir Abdelkader relatant sa résistance contre la France, et écrit par un colonel français (le plus cher du lot, avec une valeur de 1500 euros, ndlr), ceux sur les villes, et d'autres documents abordant la géographie et l'organisation des cités algériennes, seront réédités par l'Enag prochainement et seront mis à la disposition du lectorat algérien, tandis que les autres seront numérisés et ainsi mis à la disposition des chercheurs et des étudiants". Malgré ces nouvelles possessions, l'Algérie ne détient, en tout que 2% de ses archives totales. À ce sujet, et selon, Messaoudi, il incombe maintenant aux autres institutions de continuer ce travail : "Dans le futur, d'autres institutions devront faire ce travail, par ce que c'est un peu lourd pour le ministère de la Culture seul, le Centre national des archives et le ministère des Moudjahidine doivent s'impliquer dans cette opération, et à ce que je sache des commissions de ce ministère travaillent pour récupérer nos archives de la France et d'autres pays, comme le Maroc, l'Egypte et la Tunisie." Pour sa part le ministre de la Culture déclarera : "Nous sommes heureux que ces documents, d'une valeur historique, culturelle et scientifique inestimables, soient enfin récupérés par l'Algérie." Et d'ajouter : "Ils seront mis à la disposition des chercheurs et des spécialistes, voire des gens du domaine cinématographique qui pourront utiliser le contenu de ces livres, dans leurs œuvres, notamment ceux abordant la vie de l'Emir Abdelkader." Par ailleurs, et selon le ministre, "une coordination entre le ministère de la Culture, les Archives nationales et la BN permettra d'évaluer la valeur des ouvrages exposés". À noter qu'une exposition d'une plus grande envergure sera organisée prochainement pour le public et abordera des thèmes précis selon le contenu des œuvres, entre l'histoire, la géographie et l'architecture. Yasmine Azzouz