Le pape Jean-Paul II aura disparu sous les feux des médias, comme il l'a souhaité. Son agonie a été suivie en direct par le monde entier. Les images d'un pape contorsionné par la maladie et tenant à communiquer sa propre souffrance en live, n'ont pas choqué. Au contraire, elles ont suscité compassion et religiosité dans un monde catholique en perte de vitesse. Cette façon de traiter la mort en public découle du mandat même du pape, jalonné de voyages très fortement médiatisés. Jean-Paul II aura sillonné la planète, 104 voyages, avec une cohorte de journalistes à ses trousses, tous médias confondus, diffusant à tout-va le moindre de ses gestes, paroles et allusions. Il s'est rendu partout sauf en Chine et en Russie, qui sont restées sourdes à ses prières. Jean-Paul II n'a pas géré l'Eglise catholique comme ses prédécesseurs. Il aura été le pape le plus politique, dans le sens plein du terme. Il n'est pas resté indifférent aux misères et maux de la Terre, propageant la paix et moins d'inégalités ainsi que le dialogue et la compréhension mutuelle entre les religions. Cependant, il reste qu'il aura constitué le détonateur de la chute du système communiste. L'histoire retient que l'implosion de l'ex-union soviétique a commencé en Pologne, sa terre natale. Evêque à Cracovie, il devait apporter tout le soutien de l'Eglise à Solidarnosc, le grain de sable qui allait contraindre Gorbatchev à appliquer la perestroïka, prélude à la chute du mur de Berlin et des révolutions douces en marche même en Asie centrale. Jean-Paul II devint pape en 1978, contre toute attente. L'empire soviétique crash et nombreux sont ses parties qui tombent, l'une après l'autre, dans l'escarcelle occidentale. Par contre, Jean-Paul II n'aura pas été au rendez-vous des transformations revendiquées par le monde catholique. Avec lui, il n'y a pas eu de Vatican III. Il a utilisé les nouvelles techniques de communication les plus sophistiquées, se mettant même à l'heure de la télé-réalité, mais il est resté ferme et inflexible sur les exigences des catholiques. Sa vision de la chrétienté, somme toute très conservatrice, voire même droitière, n'aura satisfait que les fondamentalistes américains, à leurs têtes les protestants majoritaires. Il s'est vite transformé en idole de jeunes catholiques, qu'il a charmés rien que par sa personne. L'Eglise, qui prépare la succession de Jean-Paul II, a du pain sur la planche. D'abord, réussir la transition. Ce qui n'est pas évident, avec, dit-on, le bras de fer entre le clan de Jean-Paul II, ses collaborateurs polonais, pour la plupart, et la curie italienne qui estime que le Vatican doit lui être retourné. Ensuite, revenir aux problèmes de la chrétienté induits par le nouveau siècle. La mobilisation sur le cinq continents, chez le milliard de catholiques mais aussi chez les croyants d'autres confessions ainsi que les laïcs et les athées, pour le vieux pape polonais, est à la une de la compassion par l'agonie à la fin de son long règne, commencé, il y a 27 ans. Le conclave chargé d'élire son successeur doit se réunir dans un délai de 15 à 20 jours. D. B.