Il a régné sur le Rocher depuis 1949. Il en a fait un grand pays, d'abord en agrandissant concrètement la superficie d'un cinquième du territoire gagné sur la mer, et en faisant de Monaco des escales incontournables pour l'océanographie, la musique classique, la télévision. Les sciences, l'art et le sport modernes doivent beaucoup à la famille Grimaldi qui dirige ce paradis des musées et festivals. Il fit de Monaco un Etat, au sens du droit international, puisque depuis 1993, la principauté est membre de l'ONU et développe sa propre diplomatie. Ceux qui, aux premières années indépendantes de l'Algérie, tendaient déjà l'oreille à l'actualité d'ailleurs, pour échapper à l'oppression de la culture totalitaire, se souviennent d'une certaine Radio Monte Carlo et ignorent peut-être que c'est sur l'initiative du prince Rainier III que fut créée en 1954 RTL, notre plus proche station après Radio Alger. Après plus d'un demi-siècle de trône, le prince a failli mourir dans l'anonymat du fait de l'agonie surmédiatisée du pape. “Avec le temps va… tout s'en va”, lui aurait sagement rappelé Léo Ferré, l'autre grand Monégasque. D'ailleurs, bon prince, si l'on ose dire, Rainier III a baptisé une place du nom du poète subversif. Tout sera certainement dit sur l'homme d'Etat et l'homme de cœur que fut Rainier III. Mais cet hommage est inspiré d'une belle histoire du terroir à laquelle la famille princière a participé. C'était il y a quelques années à peine. Dans la région de Thénia, un enfant souffrait d'un mal difficile à guérir. Si le souvenir n'est pas troublé, il s'agissait d'une malformation cardiaque assez rare. De sorte qu'il n'y avait pas beaucoup d'établissements qui ont développé l'expertise nécessaire à son traitement. Il n'y avait, d'après le compte rendu qui fut fait, en son temps, de cette histoire que deux équipes chirurgicales — l'une à Lyon et l'autre à Amsterdam — pouvant intervenir dans pareille affection. Après probablement moult démarches infructueuses, le père en désespoir de cause compose une lettre à l'intention du prince de Monaco et la poste comme on jette une bouteille à la mer. La principauté n'a pas été insensible à la requête du père accablé. Et ce dernier fut invité en principauté pour la prise en charge de l'onéreuse intervention chirurgicale nécessitée par l'état de son fils. Au moment où le prince s'apprête à reposer dans son Rocher, il était impossible de ne pas se remémorer ce petit conte de fées vécu par un enfant sur les hauteurs de Thénia. M. H.
