Deux ONG de défense des droits de l'Homme et non des moindres, en l'occurrence Human Rights Watch et Amnesty International, pointent leur doigt accusateur contre Rabat en assurant que Nasser Zefzafi avait été "battu et insulté" lors de son arrestation le 29 mai. Les violences subies par le leader de la contestation populaire dans le nord du Maroc, Nasser Zefzafi, et d'autres détenus de cette mouvance, dénoncées jusque-là par les familles et les organisations de défense de droits de l'Homme locales, sont désormais reprises par deux organisations renommées en la matière, à savoir Human Rights Watch et Amnesty International. Ainsi, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer la "répression" du mouvement de contestation pacifique qui secoue le nord du Maroc, appelant à l'ouverture d'une enquête et à la libération des personnes arrêtées. Nasser Zefzafi a été battu et insulté par les policiers qui l'ont arrêté, ont affirmé, jeudi, Human Rights Watch et Amnesty International dans un communiqué publié à Tunis. Le 29 mai, une dizaine de policiers ont enfoncé la porte de la maison où se trouvaient Nasser Zefzafi et deux autres militants, ont affirmé les deux ONG de défense des droits de l'Homme dans un texte commun, en citant le récit fait par Nasser Zefzafi à son avocat dans sa prison de Oukacha, à Casablanca. "La police a cassé les meubles et les fenêtres et a agressé les trois hommes même s'ils n'ont opposé aucune résistance, a dit Zefzafi. Il a dit qu'il avait eu une coupure d'1,5 cm sur le cuir chevelu, une autre sous l'œil gauche et des ecchymoses sur le dos", détaillent les deux ONG. "La police a insulté les trois hommes en usant de termes vulgaires, en les pressant de crier "Vive le roi !" et en les qualifiant de "séparatistes", selon le récit. À Casablanca (ouest du Maroc) où il a été transporté par les forces de l'ordre, "la police a emmené Zefzafi se faire soigner, y compris pour des points de suture à la tête, et lui a donné des vêtements propres pour remplacer les siens, tachés de sang", ont souligné HRW et Amnesty. Ces deux ONG ont exhorté les autorités marocaines à "enquêter sur les allégations crédibles de violences policières contre Zefzafi et à s'abstenir de porter plainte contre ce qui découle de paroles ou de manifestations pacifiques". Jusque-là, les autorités marocaines ont rejeté les accusations sur des violences policières, portées depuis plusieurs semaines par les proches des accusés, et ont à plusieurs reprises affirmé que "les avocats pouvaient demander des examens médicaux" pour leurs clients. Pour rappel, la province d'Al Hoceïma, enclavée et plongée dans un marasme économique avec un taux de chômage particulièrement élevé (20%, soit le double de la moyenne nationale), est agitée depuis bientôt 8 mois par un mouvement populaire. Les protestataires revendiquent le développement du Rif, qui fut longtemps marginalisé par l'ancien roi Hassan II, père de Mohammed VI. Depuis fin mai, la tension est montée d'un cran à Al Hoceïma comme dans les localités voisines, qui vivent désormais au rythme des manifestations et des arrestations : selon des ONG marocaines, 135 personnes, accusées notamment "d'atteinte à la sécurité de l'Etat", ont à ce jour été arrêtées. Merzak Tigrine