Deux nouveaux meneurs de la contestation populaire qui agite depuis sept mois la région d'Al-Hoceïma dans le nord du Maroc ont été arrêtés lundi, ont indiqué un avocat et un militant. Nabil Ahamjik, considéré comme le numéro deux du "hirak" (la "mouvance", mouvement qui anime la contestation), a été interpellé, a annoncé sur les réseaux sociaux Abdessadek El Bouchtaoui, avocat et membre du collectif de défense des détenus de ce mouvement. M. Ahamjik était recherché depuis plus d'une semaine. Il avait posté deux vidéos sur les réseaux sociaux appelant à la poursuite de la mobilisation "pacifique" après la vague d'arrestations qui avait visé fin mai à Al-Hoceïma le noyau dur du "hirak", dont son leader Nasser Zefzafi. Une jeune femme, Silya Ziani, l'une des nouvelles figures du mouvement, présente dans toutes les manifestations de ces derniers jours, a également été interpellée en périphérie d'Al-Hoceïma, alors qu'elle se rendait en taxi avec d'autres militants à Casablanca, a indiqué l'un d'entre eux. Les personnes qui l'accompagnaient ont elles été relâchées, a expliqué la même source. Al-Hoceïma est depuis sept mois l'épicentre d'un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, que les protestataires jugent "marginalisée" par l'Etat. Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, avait interrompu le 26 mai le prêche de l'imam dans une mosquée. Une quarantaine de personnes, dont M. Zefazfi ont été interpellées depuis. Vingt d'entre elles ont été présentées au parquet à Casablanca et placées en détention notamment pour "tentative d'homicide volontaire, atteinte à la sécurité intérieure, incitations contre l'intégrité du royaume (...) et autres crimes". Des manifestations quotidiennes -nocturnes pour cause de ramadan- ont eu lieu toute la semaine dans la ville d'Al-Hoceïma et la localité voisine d'Imzouren (autre haut-lieu de la contestation), mais la mobilisation était en baisse ce weekend à Al-Hoceïma où la police se déploie désormais au cœur des quartiers protestataires pour empêcher les regroupements. Hormis quelques heurts ponctuels, le mouvement est resté "pacifique", mot d'ordre revenant en boucle chez les manifestants. Selon la presse marocaine, le père de Nasser Zefzafi a rencontré lundi l'ancien Premier ministre et secrétaire général du Parti justice et développement (PJD, islamiste modéré), Abdelilah Benkirane, au domicile de ce dernier à Rabat. "Les deux hommes se connaissaient (...) Ils ont échangé sur la situation d'Al-Hoceima", a déclaré à la presse l'un des avocats de la défense, Mohamed Ziane, qui est à l'origine de cette rencontre. Nasser Zefzafi, ainsi que trois activistes du mouvement de contestation, ont été déférés lundi après-midi devant le procureur général à Casablanca, alors qu'un important dispositif policier a été déployé sur les lieux, toujours selon la presse marocaine. Cette information n'a pas été confirmée de source officielle.
"Nous sommes tous Zefzafi" Quelques centaines de personnes ont de nouveau manifesté dans la nuit de lundi à mardi dans la ville d'Al-Hoceïma, épicentre depuis sept mois d'un mouvement de contestation populaire dans le nord du Maroc, ont rapporté les médias. Comme chaque soir depuis dix jours, le rassemblement s'est déroulé dans le quartier de Sidi Abed, et réclamait la "libération" des activistes du "hirak" emprisonnés (la mouvance, nom du mouvement qui anime la contestation). Les protestataires se sont regroupés à la rupture du jeûne du ramadan, et sous la surveillance des forces anti-émeutes. Ils brandissaient des portraits de Nasser Zefzafi, leader du "hirak" arrêté il y a une semaine, et scandaient leurs habituels slogans: "Nous sommes tous Zefzafi", "Pacifique", ou "Non à la militarisation"...Le rassemblement s'est dispersé peu avant minuit et sans incident. Al-Hoceïma est secoué depuis sept mois par un mouvement de contestation revendiquant le développement du Rif, région historiquement frondeuse et géographiquement enclavée, que les protestataires jugent "marginalisée" par l'Etat. Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi, avait été interpellé avec une quarantaine de personnes fin mai par les autorités marocaines. Deux autres meneurs du "hirak" ont été arrêtés ce lundi à l'aube. Vingt d'entre elles ont été présentées au parquet à Casablanca et placées en détention notamment pour "tentative d'homicide volontaire, atteinte à la sécurité intérieure, incitations contre l'intégrité du royaume (...) et autres crimes".