Cinq ensembles ont ainsi enivré cette soirée où se produisaient pour la première fois la troupe de la Garde républicaine et l'orchestre des jeunes de l'Opéra d'Alger pour cet anniversaire historique. La chorale de l'association Chams, la troupe de cornemuse et la chorale de la Garde républicaine, l'Orchestre symphonique et celui des jeunes de l'Opéra d'Alger ont gratifié d'un magnifique concert, pendant près de deux heures, avant-hier à l'opéra Boualem-Bessaïh, le public qui a eu à découvrir un mélange des plus surprenants où Beethoven, Bach, Chostakovitch côtoyaient Djamel Allem, Chaou, Moufdi Zakaria ou encore Hamidou, à l'occasion du 55e anniversaire de l'indépendance algérienne. Sur une ouverture de la troupe de cornemuse de la Garde républicaine, El-Mazwed, qui se produisait pour la première fois sur les planches de l'opéra, les officiers faisaient une entrée très théâtrale qui ne laissera pas l'assistance de marbre grâce à une exécution parfaite des standards de la musique algérienne allant du kabyle, chaoui, sahraoui au assimi, accompagné d'une démonstration de sceptre qui sera maintes fois applaudie. Ilyadat el-djazaïr (L'Iliade de l'Algérie), écrite par le poète Moufdi Zakaria en l'honneur du combat et du lourd tribut qui sera payé par les Algériens lors de la guerre de libération, sera déclamée par l'acteur Hassan Kechache au ton solennel, accompagné au piano par Amine Kouider, sur une scène aux lumières tamisées, invitant au recueillement et la reconnaissance envers nos martyrs. Des vers qui seront d'ailleurs repris par le public, qui entonnait en chœur ces trésors de la littérature. Se produisant pour la première fois sur la scène de l'édifice, l'orchestre des jeunes de l'Opéra d'Alger, constitué d'une quarantaine de musiciens maniant violon, alto, hautbois, cor, ou encore timbales, sera dirigé par le maestro Amine Kouider, en reprenant le premier mouvement de la symphonie n°5 de Ludwig Van Beethoven, le concerto pour deux violons de Jean-Sébastien Bach, interprété par les solistes Ali Yahia Nazim et Anis El-Amine, ainsi que la valse n°2 du Russe Dimitri Chostakovitch. Zohir Mazari, chef de chœur du jeune orchestre et assistant de M. Kouider, nous dira, à propos des préparatifs de ces célébrations : "Des répétitions ont eu lieu en amont avec la troupe de la Garde républicaine et l'orchestre de l'Opéra pendant une semaine. Elles ont été effectuées partiellement à l'INSM, à la caserne des Eucalyptus de la Garde républicaine et à l'opéra." Avant d'ajouter : "Il a fallu ensuite regrouper tout le monde pour des répétitions très intensives sous la direction d'Amine Kouider. Mais malgré cette pression, j'espère que le spectacle aura plu au public." La danse bacchanale du pianiste, organiste et compositeur français Camille Saint-Saëns, exécutée avec une cellule d'instruments traditionnels en plus de l'orchestre classique, sera rehaussée par l'introduction d'une chorale mixte de quatre-vingt choristes et plus d'une centaine de musiciens des deux ensembles de l'opéra. Violon, qanoun, banjo et mandole, des jeunes musiciens Riad Aït Kaci, Hassen-Belkacem Benalioua, Anis Aït Kaci et Zohir Mazari ont ainsi accompagné les harmonies classiques de la contrebasse, trompette, orgue et alto, en offrant une belle démonstration de cohésion et de communion interculturelle. Les enfants de la chorale de l'association à caractère culturel Chams, constituée de 25 jeunes enfants autistes, trisomiques ou malades chroniques, a repris pour sa part un "medley" de chansons populaires algériennes, à l'instar de Djawhara, Bladi, Men ghirek ya dzaïr, ou encore Farha w zahwa, avant de finir sur un extrait de L'ode à la joie de Beethoven, exécutée par les flûtes des bambins. Réunis une dernière fois sur les planches, les ensembles reprendront Ya zina, Cdah a Tawes, ou encore Carmina burana de Carl Orff, adaptée en arabe. Yasmine Azzouz