Résumé : Tahar décide de passer la nuit chez le jeune couple... Il voulait se rassurer sur l'état de Mustapha. Kahina récupère sa fille, puis prépare le dîner. Elle est exténuée, et se met au lit sans plus attendre. Cependant, une fois au lit, je ne pus trouver rapidement le sommeil. Le récit de Tahar me taraudait. Mon cerveau échafaudait déjà des paragraphes... Dans le désordre des mots, je retrouvais ma façon de retracer noir sur blanc, l'histoire de sa vie... Mais pourquoi donc me racontait-il tout ça maintenant ? Nous nous connaissions depuis plusieurs années déjà... Hormis quelques bribes sur son passé, et son ménage qui battait de l'aile depuis toujours, Tahar n'a jamais parlé de sa petite enfance, ou de sa famille proche...Préparait-il quelque chose ? Voulait-il partir s'installer quelque part, en me laissant un message à transmettre aux siens ? Les deux hommes discutaient encore au salon lorsque le sommeil m'emporta dans son tourbillon. Je dormis telle une marmotte jusqu'au matin, Mustapha était déjà levé. Il avait donné le biberon à Rym qui, installée telle une reine, sur sa chaise, jouait avec sa peluche... Il sourit à ma vue : -Tu dormais si bien que je n'ai pas eu le courage de te réveiller... -Je n'ai pas entendu les pleurs de Rym... -Elle ne s'était pas réveillée dans la nuit... -Ah ! Je pense que ma mère l'avait déjà goinfrée de soupe et de gâteaux lorsque je l'ai récupérée... Fort heureusement d'ailleurs, car, j'étais à plat.... -Tahar m'a un peu parlé de son récit, il veut que tu retraces l'histoire de sa vie. Je me verse un café, et tire une chaise pour m'asseoir : -Oui, je passe mes journées à l'écouter... Il dort encore ? -Non, il travaille dans l'atelier... -Sur ton chevalet ? -Oui, il a déjà fait une belle esquisse de Rym... -Il adore la petite, peut-être même plus que nous... -Oui, je l'ai senti moi aussi... C'est peut-être son instinct paternel qui le torture. Ses enfants l'ont abandonné, et il n'arrive pas à admettre cette réalité. C'est pour cela qu'il s'accroche à nous. Il nous voit comme ses enfants, et Rym, comme sa petite-fille. -Pauvre Tahar... Si tu savais les aléas qu'il a dû affronter sa vie durant ! -Tu n'as pas besoin de me raconter tout ça, je l'ai toujours su. -Tu savais qu'il était né sourd... -Hein ? - Je ne pourrai t'en dire plus... Tu sauras tout au bon moment... Mustapha tente de me soutirer les vers du nez, mais je tins bon... Je prends Rym pour la préparer, et appelle Tahar pour partir... Mustapha qui était encore en arrêt de travail, m'aide à mettre la petite sur le siège arrière, et me propose de la récupérer en fin de journée. Une corvée en moins pour moi, qui devrais déjà être au bureau à cette heure. Tahar se rendra tout d'abord au théâtre, où on l'avait sollicité pour un décor, avant de me rejoindre à la mi-journée. Je me débarrasse des tâches les plus urgentes, afin d'être libre dans l'après-midi. Après la pause déjeuner, Tahar se pointe... Il m'avait ramené quelques fleurs et un livre : -Les fleurs c'est pour le bureau, et le livre pour toi, lance-t-il d'un air joyeux... (À suivre) Y. H.