Résumé : Tahar voulait voir les récits de Kahina pour les illustrer. Rym se réveille et se met à pleurer. La jeune mère la ramène au salon où Tahar s'empresse de la serrer dans ses bras, avant d'éclater en sanglots. Il n'avait plus aucune nouvelle de ses enfants. Il tend les bras vers Rym qui, cette fois-ci, le repousse. -Je t'ai fait peur. N'est-ce pas, ma petite ? Mustapha se lève et l'invite à le suivre au salon. -Allons fumer tranquillement une cigarette, Tahar. -J'ai préparé du thé. Tu n'auras qu'à le réchauffer, lançais-je à mon mari, alors que je m'apprêtais à me rendre dans ma chambre pour allaiter mon enfant. Tahar passe la nuit chez nous. Ni moi ni Mustapha n'avions le courage de le laisser partir en pleine nuit, alors qu'il venait de faire une crise de mélancolie. Le lendemain, il insiste pour m'accompagner chez mon éditeur. Djamel nous reçoit sans rendez-vous. Il était plutôt content de me revoir. Je lui présente Tahar qui sympathisa avec lui, avant de proposer ses services. Mon éditeur était sous le charme de l'artiste. Et c'est avec un plaisir non feint qu'il accepte sa proposition pour la confection des couvertures de mes ouvrages. Voilà ! Nous avons fait en sorte de tout prévoir avant le grand jour. Dans quelques semaines, je serai une vedette à l'exposition internationale du livre pour dédicacer mes deux œuvres. Je secoue la tête à cette pensée. Jamais je n'aurais cru qu'un jour j'allais avoir cette occasion, et mon diplôme en langues étrangères n'y était pour rien. Tahar reprend son travail. Entre son poste d'enseignant à l'Ecole des beaux-arts et son atelier, il disposait d'assez de temps pour passer ses soirées avec Mustapha et moi, ou nous proposer de dîner au restaurant. Nous ne pouvions nous dérober à ses invitations. Il était déjà assez ébranlé par sa famille, et nous ne voulions pas rajouter notre dose à son désarroi. Cependant, il y avait des jours où il préférait la solitude de son appartement à notre compagnie. Une façon comme une autre, pour lui, de renouer avec son passé récent. Comme il aimait à le répéter. Un jour, il me rend visite à la rédaction pour me proposer d'écrire l'histoire de sa vie. Pas celle de sa femme et de ses enfants, mais la sienne. Celle qui somnole depuis des décennies au fond de lui-même. Je fronce les sourcils. -À t'entendre parler, on dirait que tu caches un tas de secrets en toi, Tahar. -C'est le cas, ma petite. C'est bien le cas. Je croise les bras et tends mes oreilles. -Alors, je t'écoute. -Peux-tu fermer la porte. Je me lève et m'exécute. -Voilà, c'est fait. Il toussote. -Tu vois, Kahina, il y a des jours comme ça, qui t'incitent à fouiner au fond de toi-même. Parfois, il suffit de peu pour que les souvenirs refassent surface. -Oui, cela arrive même très souvent pour certains. (À suivre) Y. H.