Résumé : Kahina est affligée par les déboires de son ami. Tahar lui apprendra, entre autres, qu'il avait reçu la visite de son frère défunt Saïd et de sa mère. Ces derniers voulaient qu'il les rejoigne... La jeune femme est dans tous ses états. Il se met à rire : -Tu vois ma petite, il y a des choses qui nous échappent dans ce monde. Des choses auxquelles on ne pense pas, ou plutôt qu'on n'aime pas évoquer, parce qu'on a peur... Je déglutis : -Ton frère Saïd est... est cet oiseau de mauvais augure, qui revient pour annoncer un autre malheur. Il se remet à rire : -Ce n'est pas tout à fait vrai. Mon frère Saïd n'est qu'un messager, qui me demande de me préparer... Seul Dieu décide de l'heure de notre grand départ, tu le sais bien... -Certes, mais c'était aussi le cas avec ta mère... Et cette fois-ci, elle était même venue avec lui. Il prend ma main dans la sienne : -Kahina... Je serais plutôt heureux de les rejoindre... -Hein ? - Oui ma petite... La vie est devenue insupportable pour un être aussi romantique et aussi sentimental que moi. Qu'aurais-je donc à perdre en quittant ce monde ? Rien... J'ai déjà tout perdu ! -Tu disais qu'on était ta famille, Mustapha et moi... Tu oublies aussi Rym qui t'adore... -Je n'oublie personne... Vous êtes mes enfants... Ma famille, et tout ce qui me permet encore de respirer... Il soupire : -Lors de la dernière vision, Saïd me parlait calmement... Il m'a signalé que je devrais penser un peu à faire le ménage dans ma vie, car si je dois trépasser, on ne devrait pas gâcher mon sommeil éternel par des futilités familiales... -Il parlait sûrement de Fadhéla et de tes enfants... -C'est ça... Il voulait que je fasse un testament... Il m'en donne d'ailleurs le temps... -Ah ! -Oui... Il m'a insinué que j'avais encore quelques mois devant moi. -Combien ? Il secoue sa tête : -Je n'en sais absolument rien... Mais ce qui est sûr, c'est que je ne vais sûrement pas partager le peu de biens que je possède entre ma femme et mes enfants... -Qui d'autre pourrait avoir accès à tes biens, que ta propre famille... Il donne un coup de poing rageur sur le bureau, -Ma propre famille ! Où est-elle cette famille ? Hein ? Où sont mes enfants, et mon épouse ? Ils m'ont déjà enterré et oublié. Je refoule encore mes larmes, avant de balbutier : -Mais c'est toujours les tiens qui auront droit à cet héritage... -Non ! Ils n'auront pas un centime. Je vais vendre l'appartement, mon véhicule, un lot de terrain que j'ai hérité de mon défunt père au bled, et mettre tout cet argent dans un compte bancaire. -Bien... Mais où iras-tu vivre entretemps ? -Je louerai un petit studio... Cela suffira amplement pour un solitaire, qui passe ses nuits à errer dans un appartement trop grand pour lui. (À suivre) Y. H.