Le gouvernement aura le choix d'activer le droit de préemption et racheter les actifs de Maersk ou laisser Total mettre la main sur les actifs de Maersk en Algérie. La compagnie pétrolière française Total a annoncé lundi 21 août l'acquisition pour 7,45 milliards de dollars (6,3 milliards d'euros) du danois Maersk Oil & Gas, une filiale du numéro un mondial du transport maritime AP Moller-Maersk. "L'opération s'est faite assez rapidement. Nous avons montré que nous étions très déterminés. Et elle s'est faite à un prix raisonnable situé entre 50 et 55 dollars le baril", indique au Monde le P-DG de Total, Patrick Pouyanné. Elle permettra au groupe tricolore d'accroître ses réserves prouvées et probables de 1 milliard de barils, s'ajoutant aux 11,5 milliards actuels, et de porter sa production à 3 millions de barils (équivalent pétrole) par jour à la fin de la décennie. "Entre 2014 et 2020, la production de Total sera passée de 2,1 millions à 3 millions de barils par jour", ajoute-t-il. 85% du portefeuille de Maersk se trouvent dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et 80% en mer du Nord. Le groupe danois possède également des actifs en dehors de cette zone géographique, il est présent dans de nombreux pays d'Asie et d'Afrique. En Algérie, il dispose d'un point de chute à Berkine, un des sites pétroliers les plus importants. Une question se pose alors : qu'adviendrait-il des actifs de Maersk dans le pays ? L'opération d'acquisition menée à bien par Total va mettre inévitablement dans l'embarras le gouvernement algérien. Celui-ci aura le choix d'activer le droit de préemption et racheter les actifs de Maersk ou de laisser faire Total, c'est à dire laisser la compagnie hexagonale mettre la main sur les actifs de Maersk en Algérie. Dans un cas comme dans l'autre, cela se traduira probablement par une distorsion dans le monde des affaires. Explication : si l'Etat algérien fermait les yeux sur cette transaction, il serait taxé de favoritisme économique. Et, cela constituerait un deux poids, deux mesures discriminatoire. Cela est d'autant plus vrai que les principes d'exercice du droit de préemption dont ont usé les gouvernements respectifs, ces dernières années, pour bloquer des opérations de rachat, restent encore vivaces en économie. Dans le dossier concernant Djezzy, dont tout le monde se rappelle l'ampleur de la polémique qu'il avait provoquée, l'Etat avait appliqué le droit de préemption. Sauf qu'il l'avait fait dans une conjoncture totalement différente de celle que vit le pays aujourd'hui. Le différend avec Djezzy est apparu dans une conjoncture d'aisance financière. Les Russes de Vimpelcom (dont Djezzy est une de ses filiales) à l'aise au plan financier n'étaient pas pressés de boucler ce dossier. Les Algériens non plus. Le pays, ne manquant pas de ressources financières, était prêt à mettre la main à la poche et à clore définitivement ce dossier. L'Etat avait décaissé un chèque de 2,6 milliards de dollars pour avoir la majorité des actions dans la société Djezzy. Le droit de préemption qui a été introduit dans la législation algérienne permet un droit de regard sur les cessions des actifs détenus par des entreprises étrangères en Algérie. Youcef Salami