Résumé : Le client voulait une paire de chaussures pour sa mère. Yamina lui proposera une paire de mocassins et lui demande de ramener sa mère pour l'essayer. L'homme lui apprendra que cette dernière était hémiplégique. La jeune femme porte la main à sa bouche. -Oh ! Je suis vraiment désolée, Monsieur. -Yacine. Appelez-moi Yacine. -Vous m'en voyez confuse. -Voyons. Ce n'est pas grave. Vous ne pouviez pas le savoir. Yamina prend la paire de mocassins et la met dans une boîte. -Tenez. Offrez-là de ma part à votre maman. L'homme demeure interdit un moment, puis secoue la tête. -Non. Je ne peux pas accepter. -Mais si ! Voyons... Laissez-moi donc me racheter. -Vous racheter ? Il fronce les sourcils. -Je ne comprends pas. Elle ébauche un sourire. -Je ne connais pas votre maman, mais elle doit être une mère formidable. Je sens que vous êtes très attaché à elle, et sans le vouloir, j'ai peut-être évoqué pour vous un mauvais souvenir. Il sourit. -Vous ne pouvez rien évoquer. La réalité est là. Je la vis quotidiennement. Ma mère est impotente, certes, mais elle a gardé toute sa mémoire et son savoir-vivre. Elle est toujours élégante et coquette. Son sourire s'élargit. -Elle a beaucoup apprécié mon cadeau d'anniversaire. Grâce à vous, elle a retrouvé ce parfum que mon père lui offrait autrefois. -Eh bien, vous m'en voyez ravie. -Et moi bien plus. Je vais sûrement devenir un abonné dans votre magasin. -Tout l'honneur sera pour moi, Monsieur. -Yacine. Je n'aime pas trop les formalités. Appelez-moi simplement Yacine. Il marque un temps d'arrêt, et la contemple avant d'ajouter : -Nous devons être de la même génération. -C'est possible. Elle regarde la boîte de chaussures dans sa main et la lui tend. -Faites-moi le plaisir d'accepter un cadeau de la maison pour votre maman, Yacine. Il secoue la tête. -Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous êtes vraiment tenace. Ce n'est pas étonnant que vos clientes prennent d'assaut quotidiennement votre magasin. Elle rit. -J'ai des défauts qui deviennent des qualités dans le commerce. -Ah ! Je peux les connaître ? Elle rit encore. -Non. C'est le secret professionnel. -Eh bien, j'avoue qu'on apprend des choses avec vous. (À suivre) Y. H.