Résumé : Yamina avait fort à faire au magasin et auprès des clientes rebelles et exigeantes. Elle se faisait toujours un plaisir d'orienter ces dernières dans leur choix, et ne lésinait jamais sur ses efforts pour les satisfaire. On était déjà en fin de journée. Les dernières clientes quittent les lieux, suivies des deux vendeuses. Yamina ferme la porte vitrée et accroche la pancarte "Fermé". Avant de songer à rentrer chez elle, elle devrait revoir ses registres, vider les tiroirs-caisses, mettre l'argent et les bons de crédit dans son coffre-fort, puis s'assurer que tout est en ordre, et éteindre les lumières. Sa voiture était garée non loin du magasin. Elle passe une main sur son visage. La fatigue commençait à se faire sentir. Elle repense à Slimane. Deux fois dans la journée, il avait tenté de la contacter. Elle avait fini par éteindre son portable. Il comprendra qu'elle était occupée, et ne pouvait lui répondre. En somme, elle voulait l'éviter. Elle savait qu'il allait tenter de l'amadouer par quelque cadeau ou une proposition de voyage. Une escapade à deux en Europe ou dans un pays arabe. Elle n'était pas d'humeur à discuter ni à accepter de passer sous le joug de son autorité en fermant les yeux sur ses mensonges. Curieusement, il y a environ une semaine, alors qu'il s'apprêtait à se rendre en Tunisie, elle avait voulu l'accompagner, mais il avait refusé, stipulant qu'il partait pour affaire et non pour des vacances. Il lui avait promis de l'emmener visiter le Sud algérien pour compenser son refus. Quelqu'un frappe à la porte. Elle émerge de ses méditations, et remarque qu'un homme se tenait à l'entrée du magasin. Elle s'approche et montre la pancarte accrochée à la devanture : "Il se fait tard monsieur, nous sommes fermés." Mais l'homme insiste en faisant des gestes nerveux de sa main. Il désignait quelque chose dans la vitrine. Un peu hésitante, elle s'avance et ouvrit la porte vitrée : -Bonsoir madame ; navré si je vous dérange mais il faut absolument que j'achète un cadeau pour ma mère. C'est son anniversaire... Yamina le dévisage. L'homme ne devait pas avoir la quarantaine. Il était bien habillé, et ses manières n'étaient pas pour lui déplaire. -Vous auriez pu passer plus tôt monsieur. On n'offre pas un cadeau de dernière minute à sa maman. -Vous avez entièrement raison, madame. J'étais tellement absorbé dans mon boulot que je ne me suis rappelé de cet anniversaire que tardivement. Et heureusement, d'ailleurs. Ne dit-on pas : "Vaut mieux tard que jamais" ? Yamina jette un coup d'œil à sa montre : -Vous avez dix minutes, monsieur, pour faire votre choix. Je... je dois rentrer chez moi. -Qu'à cela ne tienne madame. Vous avez déjà eu l'amabilité de me recevoir dans votre magasin. Je compte donc sur vous pour m'aider dans le choix d'un parfum pour ma vieille mère. -Ce sera avec plaisir, mais je ne connais pas ses goûts. Les vieilles femmes sont parfois si imprévisibles... -Oh ! proposez-toujours. Je vous signale que ma mère a un penchant pour les parfums épicés. -Ah ! dans ce cas, nous avons une panoplie de marques assez conséquente. Jetez donc un coup d'œil à celles alignées sur votre gauche. L'homme se tourne, puis s'approche des boîtes disposées avec art et soin sur des étagères en verre. Il prend un parfum, puis un autre, puis passe sa main sur quelques boîtes, avant de revenir à Yamina : -Je suis inculte en matière de parfum féminin. Vous voulez bien m'aider à faire un bon choix. (À suivre) Y. H.