Le secrétaire général du FLN a tenu la promesse qu'il a faite "de surprendre". Il vient de l'assener, à la surprise générale, en désignant Amar Saâdani, son prédécesseur à la tête du parti, dans la commission des recours des candidatures aux élections locales du 23 novembre prochain. La composante de la commission laisse entrevoir un dur exercice d'équilibrage auquel a dû s'astreindre Djamel Ould Abbes pour réussir à installer dans la même commission des têtes qui, il y a quelques mois, s'affrontaient au sein du parti. C'est le cas particulièrement d'Amar Saâdani et de Tahar Khaoua. Ce dernier a été débarqué de la présidence du groupe parlementaire. Repêché, il sera nommé ministre chargé des Relations avec le Parlement, mais Amar Saâdani ne lâchera pas. Avec son influence et ses pressions, il finira par avoir sa tête. Bien sûr, Ould Abbes rappellera la vieille garde et repêchera, pour la circonstance, des ministres qui n'ont pas survécu aux deux derniers remaniements. On retrouve, ainsi, Abdelmalek Boudiaf, le ministre de la Santé dans le gouvernement Sellal, l'éphémère Mehdjoub Bedda, ou encore Abdeslam Chelghoum aux côtés de Boudjema Talaï, d'Abdelkader Ouali, de Taher Hadjar, de Hachemi Djiar et de Mustapha Karim Rehiel, directeur de cabinet de Sellal. La commission des recours serait, selon des sources au FLN, présidée par l'ancien ministre des Travaux publics et des Transports, Boudjema Talaï. Si le souci de Djamel Ould Abbes est d'offrir une garantie quant à l'étude des listes de candidature et des recours éventuels, manquerait-il d'hommes "première main" pour assumer cette tâche ? Et le rappel "volontaire" d'Amar Saâdani dont il disait qu'il ne reviendrait pas occuper une quelconque responsabilité dans le parti, non qu'il le dément, mais démontre qu'il garde encore son poids au sein du parti ; un poids dont a besoin Ould Abbes pour calmer les quelques voix qui réclament sa tête. Il est en effet le seul à pouvoir ramener à la raison Bahaeddine Tliba ou Mohamed Djemaï, qui ont haussé le ton. Sans oublier que la majorité des membres du comité central du parti est acquise à Saâdani. C'est donc sous cette menace qu'Ould Abbes a décidé d'appeler à la rescousse Saâdani. Pas seulement. Accusé d'être le seul responsable de l'échec du parti aux législatives du 5 mai dernier, recul dans le nombre de sièges à l'APN, la contestation des listes et les critiques acerbes qui ont suivi l'annonce des résultats avec un prolongement durant l'été dans les structures locales qui ont connu de graves scènes dans les mouhafadhas, notamment autour des listes, Ould Abbes semble anticiper, cette fois, en associant un attelage supposé être capable de faire taire les voix discordantes. Une belle parade qui lui servira également en cas d'autres échecs, en ce sens qu'il partagera la responsabilité avec ceux qui ont participé au filtrage des listes. Autrement dit, pour parer à toute éventualité, Ould Abbes implique des cadres, des ministres, quand bien même ils ne s'entendraient pas, sachant, d'une part, que chacun a ses poulains, et agissant pour un courant ou un clan, mais aussi appelés à s'expliquer après les résultats. Est-ce aussi, possiblement, une manière pour Ould Abbes de les neutraliser en attendant le changement à la tête du parti. Djilali B.