Résumé : Nacéra discute avec la future belle-famille de sa sœur et tente de persuader sa mère à accepter la proposition de Lyès qui veut se marier rapidement. Pour la convaincre, elle rappellera à sa mère qu'à cause d'elle, elle était restée vieille fille. Offusquée, la vieille dame s'insurge. -Je ne voulais pas que tu restes vieille fille. D'ailleurs tu ne l'es pas encore. Et puis, si je peux te faire rappeler certains faits, c'est toi-même qui avais refusé toutes ces demandes en mariage que tu avais reçues dès ton adolescence. Alors, ne t'en prends qu'à toi-même s'il te plaît. Elle pousse un soupir avant de poursuivre : -Je ne vais pas mettre les bâtons dans les roues. Si Maissa veut se marier, qu'elle le fasse. Du moins cette fois-ci, personne ne viendra m'en faire le reproche. Nacéra sourit et regarde sa sœur, qui avait suivi la conversation sans broncher. -Tu vois, Maissa. Tu es bien plus chanceuse que moi. Mère est d'accord. Le reste n'est qu'une question de jours. Tu es heureuse, ma petite sœur ? Maissa rougit et passe une main sur son ventre, ce qui suscita un froncement de sourcils chez Nacéra. Mais leur mère semblait assez courroucée pour faire attention à ce geste qu'elle aurait en somme jugé anodin. Mais la prudence étant de mise, il ne faut pas attirer l'attention sur quoi que ce soit. Deux jours passent. Les frères et la famille de Nacéra mis au courant de la demande en mariage de Maissa ne trouvèrent aucun inconvénient à ce qu'elle convole en justes noces dans les délais fixés par son futur mari, d'autant plus que cette dernière ne semblait pas contre. Lyès revint discuter de toutes les formalités, et donne une date. Nacéra poussera un long soupir de soulagement en sachant que la cérémonie religieuse aura lieu le vendredi qui suivait. Elle craignait tant que Lyès ne se désiste à la dernière minute. Pourtant le soir même, il l'appellera pour lui demander de l'aider à acquérir un logement, sinon tout sera remis en question. Nacéra suffoque. Elle s'attendait à tout, sauf à une telle demande. -Tu habites bien avec ta famille, Lyès. Ma sœur ne voit aucun inconvénient à partager sa vie avec toi, là où tu seras, pourvu qu'elle soit heureuse, et que vous corrigiez tous les deux votre erreur. -Je suis d'accord là-dessus. Seulement ma mère et mes sœurs ne sont pas du même avis. Elles trouvent inconvenant pour elles de devoir cohabiter avec Maissa qui est toujours une étrangère à leurs yeux. Je vais bien entendu me mettre à chercher tout de suite un appartement. Mais mes moyens ne me permettent pas d'acquérir quoi que ce soit de convenable en un laps de temps aussi court. Alors si tu peux m'aider, je t'en saurais gré. Je n'aimerais pas reporter ce mariage et... Nacéra s'écrie. -Il n'en est pas question ! Ce mariage doit avoir lieu comme prévu. Je ne savais pas que tu allais encore trouver un subterfuge et nous faire languir, alors que tu sais que l'état de Maissa risque d'attirer l'attention à tout moment. -Oui. Rappelle-toi que je voulais justement en parler à ma mère. -Tu n'en feras rien, Lyès. Je vais tenter de trouver un appartement à louer rapidement. Cela va coûter les yeux de la tête. -Tu es couturière. Tu gagnes bien ta vie. Je sais que tu ne refuseras pas d'aider ta sœur. De nous aider. Nacéra s'emporte. -Moi qui pensais que tu étais un homme de parole ! Tu as bien quelques économies pour faire face à cette situation. -Certes. Mais vu que le mariage doit être célébré dans les plus brefs délais, je ne saurais faire face à toutes les situations, en particulier la location d'un appartement. Nacéra lance d'une voix autoritaire : -Je vois que tu veux le beurre et l'argent du beurre. Et ce n'est que le début. -Eh bien, tant pis. Restons-en là. Je vais reporter ce mariage jusqu'à nouvel ordre. Offusquée, la jeune femme s'écrie : - Lyès ! Ma famille n'est pas prête à subir ton chantage et à répondre à tes caprices. Je vais me débrouiller. Il a fallu que ma maudite sœur te rencontre pour que tous ces problèmes surgissent. Lyès garde le silence, et Nacéra poursuit : -Dès demain, je me mettrai à la recherche d'un appartement. À ce moment précis, une pensée traverse son esprit. Elle repense à Djamel qui devait la rappeler. - Je te rappellerai demain dans la soirée. Lyès raccroche sans lui laisser le temps de répondre. Elle demeure un instant interdite, avant de former le numéro de Djamel. Il répondit à la première sonnerie, comme s'il n'attendait que son coup de fil. -Ah ! Nacéra ! Enfin tu te décides à me rappeler. Comment cela va-t-il ? -Bien. Et pour toi ? -Maintenant que tu m'appelles, cela va beaucoup mieux. Il soupire. -Je ne voulais pas t'importuner. Je t'avais promis de te rappeler dans deux jours et je devais le faire ce soir même. Mais tu m'as devancé. -Je me disais que je devrais t'appeler pour... Nacéra se tut. Va-t-elle lui balancer ses préoccupations et lui demander de l'aider à dénicher un appartement alors qu'elle le connaissait à peine, pour ne pas dire pas du tout, et lui avait déjà proposé, lors de leur dernière conversation, de l'aider à organiser son défilé de mode ? -Allô. Elle sursaute et s'empresse de continuer : -Je devais t'appeler pour parler de... ce projet. De mon défilé. -Très bien, Nacéra. Mais ce choses-là ne se discutent pas au téléphone. Que dirais-tu de déjeuner avec moi demain ? -Oui, j'aimerais qu'on déjeune ensemble. -Alors retrouvons-nous vers la mi-journée dans ce restaurant où nous nous sommes rencontrés. -C'est parfait. À demain donc. -Attends un peu. Ta voix me semble triste, et tes réponses évasives ne sont pas rassurantes. Tu es sûre que tout va bien ? -Oui, ça va. Je vais bien. (À suivre) Y. H.