L'Office national interprofessionnel du lait refuse de parler de réduction, mais plutôt de "réajustement" des quantités de poudre de lait au profit des laiteries. Plusieurs villes du pays vivent, ces derniers jours, des perturbations dans la distribution du lait en sachet. Le problème s'est posé de manière accrue dans la majorité des communes d'Alger. Il est constaté une nette désorganisation dans l'approvisionnement des commerçants. Les distributeurs n'ont pas de moments précis pour distribuer leurs marchandises. Parfois, les épiceries reçoivent leurs quotas tôt le matin. Quelquefois, c'est l'après-midi. Il y a même des jours où ils ne sont même pas approvisionnés. C'est dire le désordre et l'irrégularité qui règnent dans ce maillon faible de la chaîne, qu'est la distribution. Faute de ce lait pasteurisé subventionné de 25 DA, les consommateurs se rabattent sur le lait cru ou celui fabriqué par les laiteries privées qui ne bénéficient pas du soutien de l'Etat. Les citoyens paient ainsi entre 40 et 75 DA, voire 100 DA, pour s'offrir un litre de lait ! De toute évidence, une telle fourchette des prix n'est guère à la portée de toutes les familles. Ce sont en fait les distributeurs qui proposent aux épiciers cette alternative au lait en sachet à 25 DA. Car, pour eux, c'est le seul moyen à même de compenser les pertes qu'ils subissent à cause, disent-ils, de la "réduction de leurs quotas quotidiens, décidée par les usines de Birkhadem et de Boudouaou", relevant du groupe Giplait. Selon l'un de leurs représentants, l'unité de Birkhadem a revu à la baisse leurs quotes-parts journalières de 20%. La laiterie distribuait auparavant 530 000 sachets/jour. Elle a, depuis un mois, avoue-t-il, diminué cette quantité à 400 000 sachets. D'où, explique ce distributeur, la confusion qui caractérise la filière ces derniers jours. Cette diminution des quantités est due, affirme ce distributeur, à la réduction par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) des quotas de poudre de lait destinés mensuellement aux laiteries de 1 500 à 1 200 tonnes. Contacté hier, Fethi Messar, directeur général de l'Onil, refuse de parler de réduction mais plutôt de "redistribution", d'un "réajustement" des quantités de poudre de lait au profit des laiteries. "Depuis 2015, nous distribuons la même quantité estimée à 173 750 tonnes/an. Chaque mois, toutes les usines publiques et privées conventionnées avec l'Onil perçoivent 14 450 tonnes", précise-t-il. La moitié de ce quota va aux unités du groupe Giplait et le reste à celles activant dans le secteur privé. Cette nouvelle répartition évoquée par M. Messar s'explique selon lui, par, entre autres raisons, l'éradication des bidonvilles et la création de nouvelles agglomérations... En tout cas, précise M. Messar, le programme annuel de distribution est arrêté par un comité interministériel et mis en œuvre par l'Onil. "Le rôle de l'office, c'est de réguler le marché. Là où un quelconque problème se pose, nous intervenons pour le régler", souligne le DG de l'Onil. "Ce n'est pas à nous de faire fonctionner les laiteries. Notre mission principale, c'est de rendre disponible le lait en sachet subventionné au profit de la population", insiste-t-il. Une chose est certaine, relève M. Messar, la convention signée par les usines prévoit la possibilité pour l'Onil de revoir à la baisse les quantités de poudre de lait affectées à une laiterie. B. Khris