Suite à la restriction des importations de véhicules neufs, les voitures d'occasion ont présentement la cote. Le marché des véhicules d'occasion est en crise. Et la situation actuelle ne prête guère à l'optimisme. Au marché hebdomadaire de voitures d'occasion d'Aomar à Bouira, un climat de résignation et de stagnation pèse. Hier, les potentiels acquéreurs comme les revendeurs se regardaient en chiens de faïence. Les premiers n'osaient plus faire la moindre offre et les seconds, par décence, évitaient de crier les prix de leurs voitures, tant ces dernières sont hors de prix. Ce marché se compose essentiellement de modèles des années 2000, mais également de quelques voitures récentes. Quant aux prix, ils dépassent tout entendement. Ainsi, une Renault Clio de l'année 2002 dépasse les 86 millions de centimes, et pour les voitures récentes, les prix sont vertigineux et repoussent les acheteurs. Il faut dire qu'une Nissan Micra mise en circulation en 2013 est estimée à 200 millions de centimes, ou encore une Dacia Logan de 2012 frôlant les 165 millions de centimes, il y a de quoi refroidir les ardeurs des plus téméraires. Des prix inabordables "C'est chaud bouillant !", dira un potentiel acheteur, qui dit s'être déplacé sans grande conviction. "Il faudrait une brouette de billets de 2 000 DA pour s'offrir une voiture moyenne", dira, non sans une pointe d'ironie, Mahmoud, un citoyen de Kadiria. Notre interlocuteur, l'air nonchalant, affirme qu'il est en quête d'une petite citadine depuis 2015. "J'ai commis l'énorme erreur de vendre ma Clio 2008 pour la modique somme de 85 millions de centimes, alors que maintenant, elle pourrait me rapporter 140, voire 150 millions", a-t-il confié. Pour le modèle phare de chez Peugeot, à savoir la 208 (ancien modèle) mise en circulation en 2012, son propriétaire annonce qu'il lui a été offert la somme de 182 millions de centimes. Une folie, estiment nombre d'acquéreurs croisés sur les lieux. "Elle lui restera sur les bras à coup sûr. Les revendeurs nous prennent pour des pigeons bons à déplumer", rouspétera un visiteur. Pourtant, son propriétaire ne se démonte pas. Il exigera la somme de 180 millions, non négociable. "C'est du bon matériel et elle n'a roulé que 105 000 km", s'est-il justifié. Il faut dire que le même modèle année 2013, affichant 135 000 km au compteur et pas mal cabossé avec plusieurs retouches sur la carrosserie, s'était vendu, quelques minutes auparavant, pour la somme de 155 millions de centimes. La Seat Ibiza 2014 à 290 millions, la Peugeot 301 Active était cédée à 165 millions, etc. Des prix qui donnent le tournis. Les véhicules Volkswagen, Mercedes, à travers leurs différents modèles, sont réellement hors de prix et les citoyens faisaient mine de ne pas les apercevoir tant les prix proposés sont choquants. Les revendeurs dans l'impasse Ainsi, l'incontournable Golf, dont la série 7, année 2016 avec licence de moudjahid qui se marchandait à près de 540 millions de centimes. Idem pour les Mercedes qui avoisinent les 700 millions de centimes pour les modèles de 2016. De leur côté, les revendeurs, sans doute émoussés par le manque d'intérêt de la clientèle, ne peuvent plus se permettre le luxe de "narguer" les acquéreurs. "Franchement, on est dans une impasse (...) Le marché stagne, les acheteurs se font rares et les voitures aussi", déclarent certains revendeurs, dont l'un refuse toutefois de vendre à perte. "Nous ne pouvons plus vendre et ni même acheter, c'est devenu très difficile. Et pour vendre à perte, jamais", a-t-il indiqué, ajoutant qu'il comprend les consommateurs. "Ce n'est plus comme avant, ou avec un budget de 70 ou 90 millions de centimes, on pouvait sortir du marché avec un bon véhicule. Aujourd'hui, il faut au moins 150 à 180 millions de centimes, et encore, ce n'est pas sûr de dénicher une affaire", a-t-il admis. Quoi qu'il en soit, et en attendant une hypothétique réorganisation du marché des véhicules d'occasion, les citoyens demeurent dans l'expectative. RAMDANE BOURAHLA