Ils ont comme dénominateur commun leur professionnalisme et indépendance, l'enquête et l'investigation sur des dossiers sensibles. Ce sont les dix-huit nominés pour le prix RSF-TV5 Monde 2017. Dans les trois catégories, journaliste, journaliste-citoyen et médias, trois d'entre eux se verront décerner le prix le 7 novembre prochain à Strasbourg. Il s'agit d'un prix honorifique doté d'une valeur de 2 500 euros. Les nominés sont Tomasz Piattek, journaliste polonais d'investigation au quotidien Gazeta Wyborcza, poursuivi devant un tribunal militaire pour son livre Macierewicz et ses secrets, une enquête sur les liens entre le ministre de la Défense et des personnalités et les services de renseignements russes. Fondateur de l'agence de presse Turan en mai 1990, Mehman Aliev, une des figures du journalisme en Azerbaïdjan, pour s'être attaqué à des sujets sensibles, s'est vu jeter en prison fin août dernier, puis libéré sous la pression internationale. Turan est encore suspendue. En Inde, Rana Ayyub, journaliste indépendante, s'est attiré les foudres du Premier ministre après une enquête sur lui et son discours nationaliste, l'extrémisme hindou et le système des castes, des dossiers (tabous) qu'elle a traités. Le journaliste russe Alexandre Sokolov a été condamné à 2 ans de détention provisoire pour poursuite à des activités d'une organisation extrémiste interdite. On y trouve aussi le photojournaliste vénézuélien qui a suivi de près les manifestations d'avril à août, qui s'est surtout spécialisé dans les sujets liés à la violence et à la pauvreté. Dans un pays déchiré par les conflits, l'Afghanistan, Masoumeh Hidary est nominée pour son travail à Radio Sahar, une radio dédiée aux femmes, lancée en 2004 avant de cesser d'émettre. Enfin, dans cette catégorie, Carmen Aristegui, du Mexique, qui a dénoncé la surveillance illégale ciblant, notamment, les journalistes et le scandale lié au président. Dans la catégorie journaliste-citoyen, sont nominés Ahmed Mansoor, blogueur émirati qui traite des droits de l'Homme et des libertés dans le pays, qui a été emprisonné pour "atteinte à l'unité nationale". Pham Minh Hoang a été déchu de sa nationalité vietnamienne en raison du contenu "subversif" de son blog. Créer une grande plateforme d'information, Jamii Forums, où les contributeurs révèlent des scandales de corruption, est la raison des poursuites judiciaires contre le Tanzanien Maxene Mello. Le photographe iranien Soheil Arabi, lui, a été emprisonné à plusieurs reprises pour son "implication dans un réseau sur Facebook qui blasphème l'islam et critique le régime". Dans la troisième catégorie figurent Mada Masr, un site consacré à l'actualité égyptienne, aujourd'hui bloqué, mais qui continue de publier sur Facebook, le journal El Wasat de Bahreïn, Cambodia Daily (Cambodge), suspendu pour avoir traité des affaires liées à la corruption, mais survit sur Internet. Radio Jupiter de Madagascar, pour avoir dénoncé des malversations, la collusion entre les autorités locales et les compagnies privées, l'exploitation minière illégale. Rio Doce, le magazine mexicain fondé en 2003, spécialisé dans les enquêtes et l'investigation, notamment dans le milieu du narcotrafic. Son journaliste Javier Valdez a été abattu en mai dernier. Factum, un magazine du Salvador qui s'est intéressé à "l'escadron de la mort de la police". Et enfin Medyascope, une plateforme ouverte aux plumes marginalisées en Turquie. Djilali B.