Selon l'OIM, les centres d'accueil sont toujours tellement débordés que l'Italie et les ONG peinent à contenir ce flux de migrants et de demandeurs d'asile. Le nombre de harragas qui prennent les côtes algériennes en partance vers l'Italie a enregistré une hausse sensible, à se fier au rapport rendu public, hier, par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). En effet, si les arrivées massives via la Libye vers la Sardaigne a baissé, l'OIM a estimé que "cet état de fait ne règle nullement cette crise", révélant que les arrivées depuis l'Algérie vers la Sardaigne ont été multipliées en 2017 par deux, et celles depuis la Turquie vers le sud de la botte italienne ont progressé de 63%, alors que les embarcations via la Tunisie ont connu une hausse de 300%. Même si l'OIM n'a pas avancé le nombre d'Algériens qui débarquent en Sardaigne, les rapports des services de sécurité et des gardes-côtes font état d'une hausse vertigineuse de harragas ces derniers mois. En ce sens, après une accalmie qui aura duré quelques mois, le phénomène des harragas a repris du poil de la bête, avec une moyenne mensuelle de 50 embarcations empêchées au large algérien, notamment à Annaba, à El-Tarf, à Mostaganem et à Oran. Selon l'OIM, les centres d'accueil sont toujours tellement débordés que l'Italie et les organisations humanitaires peinent à contenir ce flux de migrants. Pour appuyer son constat alarmant, l'OIM a révélé que les demandes d'asile ont explosé en Europe. Celles-ci sont passées de 84 000 en 2015 à 123 000 en 2016, sans compter 106 000 enregistrées de janvier à fin septembre dernier. Cet état de fait, relève l'OIM, est essentiellement dû à la fermeture de facto des frontières au nord de la péninsule l'année dernière. Quant au nombre global des migrants arrivés en Europe via la Méditerranée, il est de l'ordre de 150 000 entre janvier et octobre, alors qu'on déplore au moins 2 826 autres morts ou disparus en mer. Sur ce chapitre précis, les arrivées en Espagne ont presque triplé avec 14 000 migrants contre 5 445 à la même période en 2016, alors que celles enregistrées au large de l'Italie ont baissé de 30% sur les 10 premiers mois de l'année en cours, soit 111 000 migrants contre 160 000 en 2016. En revanche, l'OIM relève une forte baisse de l'activité en mer et les menaces des gardes-côtes libyens sur les embarcations et les interventions des Organisations non-gouvernementales (ONG) au profit des migrants. Selon l'OIM, des dizaines d'ONG ont dû suspendre leurs opérations ces derniers mois, ce qui a accentué les disparitions en mer. Pour l'ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF), personne ne devrait être renvoyé en Libye, dénonçant le cycle de violences et d'abus que subissent les migrants interceptés en mer. Raison pour laquelle, l'Organisation maritime internationale (OMI) avait organisé, lundi dernier à Londres, une conférence sur "Le défi que les opérations de secours représentent pour les navires commerciaux croisant au large de la Libye et régulièrement mobilisés alors qu'ils ne sont pas équipés". Lors de cette rencontre, l'OMI a révélé que des navires commerciaux ont été réquisitionnés dans 112 opérations de secours ces dernières années. Au mois d'octobre dernier, le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) avait annoncé la découverte de plus de 14 500 migrants détenus par des trafiquants dans et autour de Sabratha, à l'ouest du pays, dont la plupart sont bloqués dans des entrepôts où ils avaient subi des souffrances et des abus d'une ampleur choquante. Et si le HCR doute encore de l'existence de 6 000 autres migrants assiégés dans la même zone, on évoque un soutien logistique conséquent de l'Union européenne aux gardes-côtes libyens pour intercepter des milliers de migrants. FARID BELGACEM