Cherté de la vie, crise immobilière et financière, chômage et difficulté à trouver de l'emploi pour les jeunes (diplômés ou pas), " Harraga ", toxicomanie et tant d'autres phénomènes qui marquent le revers de notre société qu'on ne peut réellement blâmer : jeune qui se construit encore. Lors du printemps 2017, la compagne des législatives a été marquée par une vidéo produite par Chemssdine Amrani plus connu sous le nom de DzJoker par les internautes ou il lançait un véritable cri de rage et de colère face à ce qu'il juge comme une injustice totale au sein des différentes couches de la communauté, critiquant aussi bien le pouvoir politique que la situation socio-économique et les différentes crises qui ont touchés le pays et les problèmes quotidiens du citoyen lambda. Cette mise en image d'une réalité crue et cette empathie pour ce qu'on appelle dans notre jargon le " Zawali " a comptabilisé un total de plus de 11 millions de vue ce qui est énorme pour le " Youtube Game " algérien. Une semaine s'est écoulé depuis la fin de la compagne électorale communale, une semaine depuis la sortie d'une vidéo qui a fait grand bruit sur les réseaux sociaux et qui a été relayée par plusieurs médias arabophones et francophones, " Rani Zaafan " d'Anes Tina avec un joli compteur de 8 millions de vus , rejointe aussitôt par le clip de rap algérien de Lotfi DK " Solta Hagra " comme pour appuyer le propos tantôt présenté, qui n'a pas à rougir de ses 2 millions de vus. La formule est sensiblement la même : des phrases et des propos crues et marquants, une image et un tournage épuré prenant des points connus de la capitale. Anes Tina prends le costume d'un SDF et on assiste à un homme démuni, patriote, intègre mais surtout outré. Il porte la voix d'un peuple et dit tout haut ce que tous se murmurent tout bas. Tout au long de la vidéo c'est une escalade progressive de colère à mesure qu'il dresse la liste, demandant des comptes, pleurant sur les martyres de notre république, dégoûté de l'abrutissement qui se généralise, des situations des familles et de l'individu qui se détériore. Mais se terminant sur une note d'espoir, de cette entraide et de cette chaleur dont font preuve, malgré tout, les algériens . Le clip " Solta Hagra " est d'autant plus agressif et direct dans son propos. S'attaquant directement aux dirigeants, imagé par des extraits tirés d'anciens JT : manifestations, représentants politiques, saisie de drogues, bourse et dinar, violences policières. Un cocktail explosif en noir et blanc. Ni formules métaphoriques ni sous-entendus. C'est une lettre ouverte ou il pointe du doigt tout ce qu'il juge comme étant magouille, scandales et double-jeu, tenant pour seul responsable le pouvoir. Les protagonistes de ce remue-ménage médiatique néanmoins ont le mérite d'avoir toujours prôner haut et fort les couleurs nationales, la religion, leur patriotisme et nationalisme dans plusieurs de leurs vidéos et apparitions au grand public. Buzz médiatique ? Désir de surfer sur cette tendance de " Liberté d'expression " totale? Rebelles ? Jeunes aspirant à des changements ? Sincères ou opportunistes ? Le débat est tout autant animé qu'il est stérile, entre les partisans qui soutiennent dur et fer ces youtubeurs et qui se sentent quelque part profondément touché et concerné par la réalité qu'ils exposent. D'autre, plus réalistes, voir suspicieux, voient d'un mauvais œil cette prise de parti totalitaire qu'on observe depuis quelques mois déjà. Mais si on peut être sûre d'une chose c'est qu'effectivement la population est animée d'une colère muette. Camelia BOURAHLA (Partenariat Réd-DIG-"Liberté" (#RDL)/Alumni (HEC) )