Le ministre de l'Habitat a décidé, pour 2018, d'octroyer les marchés selon la capacité de réalisation, et cela peut être un seul marché (site) par entreprise. C'est sur un ton tranchant qu'Abdelwahid Temmar, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, s'est adressé, hier, au siège de son département, aux entreprises réalisatrices des logements de type location-vente. "Je sensibilise avant de sanctionner", a-t-il lâché, évoquant "un délai de dernière chance", à plus forte raison, selon ses affirmations, qu'"il n'existe aucun obstacle financier". Une colère plutôt justifiée lorsque l'on apprend que les 13 600 unités confiées aux sociétés nationales et les 24 850 autres aux sociétés étrangères, soit un total de 38 450 unités AADL dans 20 wilayas du pays, sont en souffrance. Pas moins de 10 832 logements sociaux n'échappent pas, non plus, au retard dans la réalisation qui gagne aussi les 286 unités LPP. D'où, d'ailleurs, l'opportunité de cette rencontre qui servira à "identifier les problèmes et sortir avec des solutions concrètes", comme exigé par Temmar qui n'a pas manqué de recourir aux menaces tant la situation est préoccupante. "Je ne veux pas que nous arrivions à la résiliation des contrats qui nous lient, mais si je suis dans l'obligation de le faire, je n'hésiterai pas, car je ne tolère aucun abus." Et de poursuivre : "Les résultats de la rencontre autant que le suivi des programmes seront, désormais, communiqués sur le site du ministère et sa page facebook." C'est que Temmar s'est dit "disposé à écouter tout un chacun", promettant, par ailleurs, "un contrôle rigoureux et un suivi régulier y compris par sa propre personne". Il sommera, en ce sens, les directeurs régionaux de "faire état des avancements" autant que "des retards" et d'"intervenir au moment opportun". Au cours de son intervention, le ministre ira jusqu'à énumérer les wilayas, une à une, qui enregistrent des retards, et à interpeller les entreprises pour les mettre devant leurs responsabilités comme c'est le cas pour la société "Dedladji" autant que l'entreprise "Safamille" en charge de plusieurs sites dans au moins trois wilayas différentes avec un taux physique très faible et un taux financier important. Le ministre a été clair à ce propos : "À partir de 2018, les marchés seront octroyés selon les capacités de réalisation de chacun et de préférence un marché (site) par entreprise." Ceci n'exempt pas les entreprises sur le terrain qui devront à leur tour se délester de plusieurs sites au profit d'un seul pour "être plus efficaces" et surtout "plus rapides". Temmar évoquera aussi Tébessa, Biskra, Tipasa, Sétif, Tizi Ouzou, Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Mascara, El-Tarf, Aïn Defla, El-Oued, Guelma, Souk-Ahras, Guelma, Blida, Béjaïa, Bouira et Boumerdès qui enregistrent des retards énormes, avertissant : "Nous ne tolérerons désormais aucun retard." Sur Alger, le ministre a relevé 2 000 unités en souffrance relevant de l'OPGI d'Hussein-Dey (social) dont 1 200 pour le site d'Ouled-Fayet, Bir-Mourad-Raïs, Dar El-Beïda et 1 440 pour Baba Hassen (Cosider). Les échanges entre les cadres du ministère et les entreprises de réalisation se sont déroulés à huis clos, ce qui ne nous a pas permis de connaître les véritables raisons qui ont conduit à cette situation rocambolesque. Mais selon certains avis recueillis en marge de la rencontre, certaines entreprises ont du mal à avancer ou même à démarrer parce qu'"il arrive parfois que l'assiette foncière dégagée pour le projet ne soit pas assainie et l'entreprise se retrouve alors à gérer des problèmes qui, normalement, ne sont même pas de son ressort". D'autres, notamment des entreprises chinoises, parlent "de pénurie de ciment", et ce, selon elles, de "manière récurrente". Quoi qu'il en soit, Temmar a fini son intervention en appelant les maîtres d'ouvrage à "modifier les cahiers des charges et intégrer le recours au produit local dans les constructions". Nabila Saïdoun