La Fédération des agences immobilières dénonce, entre autres, le laxisme des pouvoirs publics face à la concurrence illégale des courtiers et des bureaux d'affaires. De sombres perspectives planent sur la profession d'agent immobilier prise entre le marteau et l'enclume. Elle se retrouve confrontée à des difficultés autant avec l'administration publique qu'avec le client lui-même sans compter, par ailleurs, sur la concurrence dite "déloyale" des courtiers et des bureaux d'affaires qui peut provoquer, carrément, la disparition de ce métier. En ce sens, Lotfi Ramdani, responsable du portail des annonces Lkeria en collaboration avec la Fédération nationale des agences Immobilières (FNAI) ont organisé hier, au siège de la fédération, la 5e édition de sensibilisation immobilière. L'occasion pour revenir, encore une fois, sur "les difficultés des agences immobilières et leur incidence sur le marché immobilier algérien" mais aussi et surtout pour aboutir à des recommandations, qui seront communiquées aux autorités compétentes, à même de mieux organiser la profession et la sortir de son marasme. Il se trouve, selon les différents intervenants, à l'instar de Hakim Aouidet, président de la FNAI, que "ce n'est pas le premier appel exprimé" en direction des pouvoirs publics qui, semble-t-il, feignent "l'ignorance". Aussi, les annonces de vente, d'achat et de location pullulent sur les réseaux sociaux, dans les supports d'annonces spécialisées ou même dans la presse généraliste ainsi via des bannières ou de simples écriteaux accrochés sur les murs, les maisons, les locaux etc. Sans que personne, à commencer par les autorités compétentes, lève le petit doigt. On relève que 80% des transactions immobilères transitent par l'informel. "Nous essayons, par ces journées de sensibilisation, de mieux organiser l'activité d'agent immobilier car il y va de sa survie", nous a déclaré hier Hakim Aouidet, président de la FNAI en marge de la rencontre, et de reconnaître que "le métier est très complexe" et qu'"il lui faut retrouver ses lettres de noblesse pour pouvoir jouer pleinement son rôle sur l'échiquier économique". Il nous expliquera aussi que "les pouvoirs publics ne peuvent pas se passer de ce corps car il contribue efficacement à l'établissement des statistiques et données exhaustives et fiables à même d'asseoir des politiques de logements". Il ajoutera, que "l'organisation du marché du logement et l'absorption de la demande ne peuvent être connues de manière fiable sans la contribution de l'agent immobilier dont le travail de transparence pour ce qui est de l'évaluation des biens influeront inéluctablement et positivement sur les prix (plus bas)". Aussi, notre interlocuteur fait appel aux autorités compétentes "à agir de manière urgente pour assainir la situation et permettre à l'agent immobilier d'assumer son rôle dans un climat de travail plus serein". Ambiguïté du cadre juridique : la commission de la discorde Il a été rappelé, lors de la rencontre, que "le marché algérien compte plus de 2 000 agences immobilières agréées qui sont régies par le décret exécutif n°09-18 datant de 2009". Celui-ci, selon les intervenants "pose réellement problème" de par "l'imprécision de certaines dispositions dont notamment celles en relation avec le taux des honoraires des agences qui a ouvert la voie à des interprétations différentes, voire contradictoires ce qui n'a pas contribué à l'instauration d'un climat de confiance entre les agences immobilières et leurs clients". Si l'article 34 du décret 09/18 fixe, en effet, la rémunération de l'agent immobilier de 1 et 3% (selon la valeur du bien), il ne précise pas, en revanche, qui paie la rémunération, comme il reste muet dans le cas où seulement une seule partie aurait mandaté l'agent immobilier (soit le vendeur soit l'acheteur), ce dernier doit-il prendre à sa charge exclusive la commission du professionnel. Aussi, les responsables de la fédération recommandent vivement aux agences d'adopter l'établissement systématique d'un mandat en bonne et due forme comportant des clauses claires sur ce point précis (les honoraires). Il est question aussi de s'entendre sur la notion "d'exclusivité" qui, vraisemblablement, fausse complètement le déroulement de la transaction. Nabila Saidoun