Réagissant, hier, à l'annonce de la consécration du nouvel an berbère, Yennayer, comme journée chômée et payée, lors du dernier Conseil des ministres, le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) estime qu'il s'agit d'une victoire indéniable et surtout du fruit de la mobilisation massive de la jeunesse qui a réussi à infléchir le pouvoir. "La reconnaissance officielle de Yennayer, fête du nouvel an amazigh, comme journée chômée et payée est une victoire indéniable pour les militants de la cause amazighe. Et en cette circonstance, une pensée émue va à ceux qui ont porté le rêve de sa consécration mais qui, malheureusement, ne sont plus parmi nous", lit-on dans la déclaration du RPK, qui souligne que "cette avancée est à inscrire à l'actif de l'Algérie plurielle qui doit accentuer le travail de réconciliation avec son histoire et son identité millénaire". Tout en se disant convaincu que "cette onde bénéfique, par l'écho qu'elle suscitera, se propagera bientôt dans tous les pays de l'Afrique du Nord", le RPK, dirigé par Hamou Boumedine, a tenu à rendre un vibrant hommage à la jeunesse qui vient d'ajouter, est-il écrit dans la déclaration, un jalon historique à celui posé au prix de grands sacrifices par les différentes générations de militants berbéristes qui ont marqué l'histoire de la lutte pour la reconnaissance de l'identité amazighe depuis 1949, et qui, grâce à sa mobilisation massive, "a transcendé les différences politiques et a réussi à infléchir le pouvoir sans répondre aux provocations qui voulaient arrimer leur action vers la violence, notamment dans la wilaya de Bouira". Dans cette déclaration qui a sanctionné les travaux de son bureau exécutif réuni samedi dernier à Taqarboust, dans la wilaya de Bouira, le RPK a également qualifié l'engagement de l'Etat de procéder à la création de l'académie de la langue amazighe d'une "reconnaissance de la légitimité de nos revendications". Une reconnaissance qui commande, désormais, estiment les rédacteurs du document, l'implication de l'ensemble des compétences dans le domaine et de la société civile pour que soit accordée l'autonomie totale à cette nouvelle institution. "Comme toutes les académies dans le monde, il est impératif que celle-ci soit indépendante de toute tutelle politique. Seuls les critères scientifiques doivent présider à son fonctionnement et à l'élaboration de ses objectifs", recommande le RPK. Esquissant quelques axes de cette stratégie, le RPK estime que même si la généralisation et l'enseignement obligatoire de tamazight doivent toujours rester un objectif à atteindre, la priorité doit être accordée à la sauvegarde et au développement des variantes linguistiques amazighes, car, argumente-t-il, "si la future loi met en œuvre une politique uniciste et ne tient pas compte de la réalité de la diversité réelle des aires linguistiques et de droits collectifs des locuteurs à vivre pleinement d'abord dans leur langue propre, il y aura fatalement une langue dominante, et c'est la langue amazighe qui continuera à être minorée et cantonnée dans une rôle de langue symbolique et de patrimoine". C'est pour cette raison que "l'autonomie linguistique dans les régions amazighophones doit être consacrée et doit être intégrée dans un cadre juridique et institutionnelle plus large, soit à travers un statut politique particulier avec un gouvernement et un parlement régional", soutiennent les animateurs de ce mouvement. Samir LESLOUS