Bien que 37 ans soient déjà passés depuis le Printemps berbère d'Avril 1980, rien, en Kabylie, ne semble encore pouvoir éteindre sa flamme ni l'empêcher de faire éclore de nouveaux bourgeons qui, même encore fragiles, assurent, à chaque fois, la relève de leurs aînés en prenant à bras-le-corps cette longue et dure lutte pour la consécration complète de l'identité amazighe et des libertés démocratiques. C'est ce que la population de Kabylie, dans sa diversité politique, compte encore réaffirmer ce week-end dans les trois wilayas de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira où plusieurs actions, notamment des marches de contestation, sont prévues. Des marches qui confirment, si besoin est, que ni les inlassables efforts répressifs et propagandistes déployés, dans le passé, par le pouvoir afin d'effacer la symbolique de cette date, ni encore ses actions actuelles de récupération en s'accommodant à sa dimension identitaire tout en occultant, à dessein, son volet relatif aux libertés démocratiques, n'ont été fructueux. Même la campagne électorale en cours pour les législatives du 4 mai n'a pas réussi à faire la moindre ombre à la commémoration de cette date qui a marqué la fin du déni identitaire, la rupture avec la pensée unique et la naissance de l'aspiration démocratique en Algérie. C'est ainsi que le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie, MAK, a appelé, pour aujourd'hui, à des marches dans les trois villes de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira où, malgré la féroce répression policière dont ses militants font l'objet depuis plusieurs mois, ils comptent réussir une nouvelle démonstration de force en sortant dans la rue par milliers, comme chaque année à cette date, avec comme revendication "l'indépendance de la Kabylie", cette option en dehors de laquelle ils ne croient ni à une véritable démocratie, ni à l'épanouissement de tamazight, ni encore à un avenir meilleur pour la Kabylie. Même pour le RCD qui participe à l'élection législative du 4 mai prochain, il est hors de question de rester en marge de la célébration du Printemps berbère. Le RCD compte organiser son habituelle marche ce samedi 22 avril avec comme principale slogan : "Fidélité au combat d'Avril 80." Une marche qu'il a, ainsi, décalée de deux jours pour la faire coïncider avec un grand meeting populaire prévu avec son président, Mohcine Belabbas. Pour sa part, le nouveau-né sur la scène politique en Kabylie, à savoir le Rassemblement pour la Kabylie, RPK, a tenu à marquer cette date en rendant publique une déclaration à travers laquelle il estime qu'"il n'y a pas de solution linguistique équitable dans l'Etat-nation jacobin", tout en réaffirmant que "tamazight doit être la première langue des communautés amazighophones et consacrée langue d'enseignement à l'école". Et cela exige "un changement institutionnel profond de l'Etat avec la reconnaissance de statut d'autonomie pour les régions" car, estime-t-il encore, "il revient de droit aux locuteurs de l'amazighité de décider souverainement de la politique linguistique à adopter pour le développement et la sauvegarde de leur langue, loin de toute manœuvre de blocage ou d'interférence idéologique à travers une graphie ou un contenu œuvrant à la déculturation". Samir LESLOUS