Binationaux, Madjer, Zetchi, JSK... Ce qu'en pensent les émigrés algériens à Paris La communauté algérienne établie à Paris, la première dans la capitale française, suit de très près l'actualité sportive et ne rate aucune occasion pour donner son avis lorsqu'il s'agit du football en général et de l'équipe nationale en particulier. Les récents changements opérés tant au niveau de la FAF qu'à la barre technique des Verts n'ont pas laissé indifférents nos compatriotes qui estiment dans leur majorité que ces changements leur font peur et craignent le pire pour l'avenir de l'équipe nationale et la fédération. Liberté, présent à Paris, a donné justement la parole à ces émigrés. Ainsi, Abdellah T., 55 ans, originaire de Saïda, et ancien joueur de ce club, qui a fui le terrorisme en 1991 pour s'établir en France, révèle qu'il préfère avoir des gens du métier à la tête des ligues et de la fédération. "Ici, on respire tous football, on ne rate aucune occasion lorsqu'il s'agit de l'équipe nationale, mais depuis quelque temps, ce n'est plus l'effervescence qui nous a caractérisée en 2010 et 2014. Il faut des gens du football pour gérer les ligues, je vous cite le cas de ma ville Saïda, c'est un vétérinaire, un parvenu du football qui est à la tête de la ligue régionale, il ne connaît rien au football qu'il n'a découvert qu'en 2015. Avec ces gens-là, vous voulez que le niveau progresse ?", s'offusque cet ancien Saïdi rencontré à Gancourt dans le 10e arrondissement. Il enchaîne sur l'élection de Zetchi à la tête de la FAF : "Zetchi n'a pas la carrure ni la personnalité pour gérer la FAF, il est très faible, il n'a aucun projet, je me demande sur quelle base il a été élu, c'est du n'importe quoi, ceux qui ont écarté Raouraoua auraient dû lui trouver un successeur à la hauteur, pas Zetchi qui va nous mener droit vers le mur. Le choix d'Alcaraz prouve que c'est un type qui ne connaît rien ou du moins n'a pas le statut d'un président de la FAF, car gérer le PAC ou la FAF, ce sont deux mondes diamétralement opposés, le Paradou c'est 250 personnes au maximum, la FAF et l'équipe nationale, c'est 40 millions d'âmes, vous voyez la différence, c'est pour cela que je reste très sceptique pour l'avenir."
"Symposium et politique de l'exclusion !" Concernant le récent symposium organisé récemment par la FAF, notre interlocuteur révèle que c'est un échec total, dans la mesure où beaucoup de compétences ont été marginalisées. "De quel symposium parlez-vous ? Toutes les compétences ont été exclues d'après ce qu'on a appris ici à Paris à travers les chaînes de télévision privées, ils ont ramené des gens incapables de trouver des solutions aux grands maux qui rongent le football algérien, ils ont juste fait un constat que tout le monde peut faire, est-ce que les recommandations seront appliquées sur le terrain ? Je suis convaincu et même persuadé que tout cela finira dans un tiroir, comme ce fut le cas par le passé." Revenant sur la nomination de Rabah Madjer à la tête des Verts, il estime qu'on ne peut pas encore le juger du moment qu'il vient de prendre les rênes de l'équipe. "Il faut lui donner le temps pour le juger, mais au fond de moi, je reste très pessimiste, je sais que la mission sera très difficile. Pour réussir, il faut qu'il abandonne cette idée de politique de quotas de nos joueurs qui évoluent en Europe. Ces joueurs-là ont procuré beaucoup de bonheur aux Algériens, il ne faut pas les stigmatiser, ce sont eux aussi des Algériens qui aiment le pays. Madjer ne doit pas tomber dans ce piège, ceux qui les critiquent sont des ingrats et ne connaissent rien au football." À propos du départ de Mohamed Raouraoua de la FAF, il dira qu'"il a fait beaucoup de bien au football et surtout à l'équipe nationale et sa double qualification au Mondial 2010 et 2014, j'aurais souhaité qu'il poursuive sa mission à la tête de la FAF, il faut qu'on nous dise qui lui a barré la route pour un autre mandat, il faut à mon avis un militaire à la tête de la FAF pour réhabiliter l'autorité qui était au temps de Raouraoua. Actuellement, il n'y a que des khobzistes à la tête du football, à l'instar de ce pseudo consultant de l'arbitrage qui ment aux 40 millions d'Algériens tous les soirs de samedi, alors que Haïmoudi est exclu, voilà la FAF de Zetchi". Par ailleurs, le jeune Ahmed Sadek Hounat, 34 ans, originaire de Bachdjarah à Alger, établi depuis 9 ans à Paris, n'ira pas par quatre chemins pour descendre en flammes Zetchi qu'il considère comme un intrus à la FAF. "Lorsque j'ai vu à la télé le geste de Attal qui a embrassé Zetchi alors que Brahimi l'a ignoré, j'ai compris que ce type n'a aucune personnalité et qu'il reste un intrus de la FAF, ce n'est pas évident de réussir avec le PAC et la FAF. Ce sont deux mondes différents, je pense que c'est une grosse erreur du pouvoir algérien d'avoir ramené ce type à la tête de la FAF, il ne va rien faire, vous allez voir et constater de vous-mêmes, il n'a pas les capacités de gérer la FAF. C'est différent avec Raouraoua, qui a travaillé l'équipe nationale, mais il a négligé le football national, c'est la seule chose qu'on lui reproche. En plus, il n'aime pas les locaux pour je ne sais quelle raison. Zetchi doit rester dans son Académie de football, et ne pas se mêler du football national, je sais qu'il n'y a pas eu d'élection libre, il a été imposé pour faire partir Raouraoua, c'est tout ! Tout le monde est au courant de ce sale scénario. Ici à Belleville, la plupart de mes amis avec lesquels je discute football ne l'aiment pas, il n'a pas les qualités nécessaires pour mener le football à bon port. L'Etat a fait une grosse erreur en ramenant Zetchi à la FAF, il n'a aucune stratégie pour faire sortir le football de sa crise, il nous a ramené cet Alcaraz qui a pris des milliards sans rien faire, il devrait rendre des comptes sur l'argent déboursé inutilement, est-ce que c'est de la gestion tout cela ?", dira cet ex-étudiant en sciences économiques, fervent fan de l'USMH, qu'on a rencontré à Belleville, dans le 11e arrondissement. Sur le choix de Madjer, il estime que c'est le bon. "Je pense que le choix de Madjer est le bon, pourquoi ? C'est un ancien joueur qui a gagné beaucoup de titres avec Porto, il ne craint pas les joueurs et n'a aucun complexe devant eux, car même s'ils jouent dans de grands clubs, personne n'a encore gagné la Ligue des champions comme il l'a fait, lui, en 1987, je sais qu'il va réussir dans sa mission, je suis convaincu, à la seule condition de ne pas tomber dans l'erreur de certains qui ont voulu créer la zizanie avec les binationaux, ils aiment le pays mieux que certains locaux, je parle en connaissance de cause, ils ont tous des drapeaux algériens dans leurs chambres, ils se sont sacrifiés pour le pays, qu'on cesse de les attaquer gratuitement, on n'a pas de joueurs capables de rivaliser avec eux, alors de grâce, laissez-les tranquilles ! Les Ziani, Antar Yahia, Megheni, Feghouli, M'bolhi, Bougerra, Mahrez, etc. ont fait sortir 40 millions d'Algériens dans les rues, il faut être reconnaissant envers eux, c'est grâce à Raouraoua qui avait eu l'idée de les ramener en équipe nationale, j'estime que c'est un faux débat. Vous savez, ici, on est tous branchés sur El-Heddaf TV, pour suivre l'actualité sportive et les émissions très intéressantes, notamment lorsque votre confrère Samir Lamari est invité, on assiste à un bon débat d'un haut niveau, il faut dire à Bouhanika de laisser Lamari parler en français, il s'exprime mieux, son message passe très bien, y compris vous-même". "Les binationaux aiment l'Algérie, même plus que les locaux" De son côté, son frère, Nadjib Hounat, 32 ans, ex-étudiant en électronique à l'USTHB (Bab Ezzouar), évoque le cas des joueurs binationaux qu'il estime que, sans eux, l'équipe nationale n'ira pas loin. "On a vu ce qu'a fait Alcaraz avec les locaux contre la Libye qui nous a éliminés du CHAN, on n'a pas encore de joueurs de très haut niveau, capables de hisser l'équipe nationale comme l'ont fait nos joueurs binationaux, il faut éluder ce débat stérile qui ne rime absolument à rien du tout. Le sélectionneur national ne doit pas prendre en compte cet aspect qui risque réellement de pénaliser notre équipe nationale, les meilleurs joueurs doivent être convoqués régulièrement, il faut mettre un terme à ces idées qui font dans l'exclusion, on a besoin de tous les joueurs capables de ramener un plus, je vous jure que sans les binationaux, on n'atteindra aucun objectif. Zetchi doit oublier son projet virtuel consistant à composer avec les joueurs locaux qui n'ont pas une solide formation de base, toute la différence se situe à ce niveau." "Hannachi a ruiné la JSK" Nous avons pris congé de cet ex-étudiant pour nous rapprocher de Yazid M., la trentaine amorcée, un pizzaiolo travaillant dans un pizzeria en plein centre de Belleville, pour connaître son avis sur la situation du football, il s'est avéré que c'est fervent supporter de la JSK, très déçu par la situation du club. "Il est vrai que l'équipe nationale nous captive tous ici à Paris. On a passé de merveilleux moments, ce n'est plus le cas en ce moment. Moi ce qui me chagrine le plus, c'est la situation dans laquelle se trouve mon cher club, la JSK. Hannachi l'a ruiné, il a cassé le club, il est parti sans rien laisser. Je pleure ma JSK que je ne reconnais plus, il est malheureux que le porte-flambeau de toute la Kabylie soit réduit aujourd'hui en un club qui lutte chaque année pour le maintien, il faut que les vrais Kabyles, jaloux pour leur club, se manifestent pour redorer son blason, on ne peut pas continuer à voir la JSK mourir à petit feu." Son ami Ferhat B. abonde dans le même sens. "Même si le pouvoir algérien illégitime déclare Yennayer comme journée chômée et payée, cela reste insuffisant pour nous, il y a d'autres acquis à arracher, c'est grâce à notre grande JSK de l'époque que le pouvoir a lâché du lest. Aujourd'hui, ce grand club africain est réduit à un petit club qui joue le maintien, Hannachi l'a réduit à néant, voilà les conséquences de sa politique destructrice qui mis à genoux notre porte-flambeau. Le problème c'est ce que même les gens qui lui ont succédé sont en train de commettre les mêmes erreurs, il faut une vraie révolution en Kabylie pour réhabiliter l'image de marque de la JSK souillée par les opportunistes qui l'ont tuée à jamais", déplore-t-il avec amertume. Il est donc clair qu'à travers ce reportage, nos émigrés gardent toujours une oreille attentive sur toute l'actualité sportive, notamment à travers les chaînes de télévision privées, à l'instar d'El Heddaf TV, devenue l'attraction principale de tous ceux qui suivent le quotidien du football algérien. De notre envoyé spécial à Paris : RACHID ABBAD Lire le dossier