Une quinzaine d'enfants, âgés à peine de dix ans, et plusieurs autres tout juste adolescents, font fréquemment la manche, dans la ville d'Azazga, devant parfois la curiosité des gens et, souvent, dans l'indifférence totale. En loques, ces enfants, qui ne savent même pas de quoi sera fait demain, implorent les passants d'un regard des plus attendrissants pour susciter leur générosité par la remise de quelques pièces de monnaie. Il apparaît, dans des avis recueillis dans ce milieu, que le divorce et le chômage sont, entre autres, les facteurs principaux qui ont poussé un nombre important d'entre eux et d'entre elles vers ce “métier” de la honte. Sur huit mendiants, questionnés sur les raisons les ayant acculés à la mendicité, six diront que c'est principalement l'indigence, confrontés qu'ils sont au dilemme de mendier ou… mourir. Et, pour vivre, ils acceptent toutes les brimades, en tendant la main, dans l'espoir de rencontrer des âmes généreuses. “Les enfants de son âge sont à l'école à l'heure qu'il est”, dira une lycéenne, expliquant que “si ce beau garçon était issu d'une famille aisée, son sort aurait été tout à fait autre… Franchement, ils me font de la peine. Je ne peux les voir sans frémir de tout mon cœur”, ajoute-t-elle, en tendant une pièce de 20 DA à une mendiante. “Mon mari rentrait toujours tard à la maison, souvent dans un état d'ébriété avancé et ne s'arrêtait pas de me tabasser. Ne pouvant plus supporter ses supplices – tout a des limites – un jour, j'ai décidé de quitter le foyer avec mes deux enfants. Et pour ne pas verser dans la prostitution, j'ai préféré tendre la main en sollicitant les âmes charitables pour survivre avec mes enfants.” Et pour ne pas “réveiller les démons”, cette jeune femme a estimé qu'il valait mieux s'habiller sordidement. D. O.