Le Salon international du recyclage et traitement des déchets Recycling Expo, qui s'est ouvert hier à Oran, a apporté une nouvelle démonstration, si besoin était, que le marché du recyclage des déchets, très porteur pour l'économie algérienne, reste déstructuré et pèche par le manque d'organisation entre les différents intervenants. C'est, en tous les cas, l'avis de la majorité des professionnels interrogés en marge de l'inauguration de la manifestation au Centre des conventions d'Oran. "Le marché est prometteur, la matière première existe et de nombreuses petites et moyennes entreprises sont prêtes à investir le terrain, mais il y a encore un manque de coordination, une absence de rigueur et, surtout, les intervenants informels qui empêchent l'installation de mécanismes nécessaires à l'optimisation du secteur", ont-ils déploré en substance. Et la réalité de la situation leur donne raison. Selon les chiffres officiels (appelés toutefois à être réactualisés par une étude menée par le ministère de l'Environnement), la valorisation des déchets en Algérie pourrait rapporter quelque 38 milliards de dinars par an, mais seuls 5 à 10% des 13 millions de tonnes annuels (tous types de déchets) générés par les ménages et les industries sont aujourd'hui récupérés. Et bien que les pouvoirs publics mettent en avant les avancées permises par la Stratégie nationale de la gestion des déchets — notamment à travers le Programme national de gestion des déchets solides municipaux (Progdem) et Plan national de gestion des déchets spéciaux (Pnagdes) —, les professionnels ne cachent pas leur scepticisme quant à une volonté réelle de l'Etat de jeter les jalons d'une véritable politique de gestion des déchets. "Les textes et les déclarations, c'est bien beau, mais sur le terrain, la réalité est différente : en raison de l'intervention importante des acteurs du marché noir, il y a un sérieux problème de traçabilité ; les CET vendent les déchets aux enchères, ce qui profite au puissants exportateurs, alors que l'Etat pourrait intervenir pour prioriser les entreprises algériennes ; la bureaucratie constitue toujours un handicap pour les jeunes porteurs de projets intéressés par la valorisation des déchets... Bref, il reste encore beaucoup d'écueils qui interdisent l'éclosion d'un véritable marché de traitement de déchets", ont regretté quelques-uns des 40 exposants qui ont dressé leurs stands au CCO. Parmi ces professionnels, six ont investi le domaine de la gestion des déchets par le truchement des dispositifs d'aide à l'emploi et la création de l'entreprise, en l'occurrence la Cnac et l'Ansej. IM Recyclage et Environnement, créée en 2015, et TopRcycl, née en 2013, deux entreprises montées à travers l'Ansej, ont fait le pari de se ménager une place dans le marché. Le couple Benkhelifa, qui a fondé TopRecycl, connaît aussi des vicissitudes depuis la création de son entreprise en 2013. Après des hauts et des bas, les Benkhelifa (lui vient de l'hôtellerie et elle du secteur informatique) sont parvenus à assoir leur société qui traite quelque 100 tonnes de plastique par mois et emploie cinq personnes. "Mais il faudra que nous parvenions à tisser un réseau de sociétés de recyclage de plastique pour avoir prise sur le marché et éviter la réédition de l'épisode Tosyali qui, depuis son installation en Algérie, a absorbé tout le marché du fer", ont averti les responsables de TopRecycl, en appelant à une alliance avec les professionnels du recyclage du plastique. S. Ould Ali