"Si Lakhdar faisait la démonstration de son génie, de son courage devenu légendaire, de son aptitude à s'adapter et à adapter les différentes tactiques de combat", témoignent les compagnons d'armes de Rabah-Saïd Mokrani. L'Association Mechaal Echahid, en collaboration avec les Scouts musulmans algériens (SMA), a rendu, hier, à la salle OMS de Lakhdaria (ouest de Bouira), un vibrant hommage au martyr de la Révolution Rabah-Saïd Mokrani, plus connu sous son nom de guerre de Si-Lakhdar, à l'occasion du 60e anniversaire de sa mort. À cette occasion, les amis et la famille de celui qu'on surnommait le "Lion des monts de Zbarbar", ont été honorés par les autorités locales. Les participants à cet hommage ont, de manière unanime, attesté du rôle prépondérant du regretté Si Lakhdar, dans les cuisantes défaites qu'a subi l'armée coloniale dans la région. "Ce fut un homme brave, d'un courage sans pareil et surtout un fin stratège", témoignera Gacem Ali, alias Aïssa le Para, l'un des frères d'armes du colonel Si Lakhdar. Ce dernier, raconte son lieutenant, mena entre 1956 et 1958 plusieurs opérations militaires audacieuses, notamment à Tablat, Sour-El-Ghozlane, Palestro (Lakhdaria actuellement), Bordj-El-Bahri, Beni Slimane et Djebel Bouzegza, qui occasionnèrent d'énormes pertes dans les rangs de l'armée d'occupation. "Si Lakhdar faisait la démonstration de son génie et de son courage devenu légendaire, de son aptitude à s'adapter et à adapter les différentes tactiques de combat ainsi que de son ascendant auprès de ses soldats et des populations", attestera Aïssa le Para. Et d'ajouter : "Je me rappellerai toujours de ses paroles, où il me disait : ‘Ce pays (l'Algérie, ndlr) n'a que ses enfants pour le sauver et c'est à nous de permettre à ses enfants de grandir dans la liberté et la dignité'". Une phrase prémonitoire... D'autres camarades de ce valeureux martyr confieront que très tôt, Rabah-Saïd Mokrani fut promu au rang de premier responsable politico-militaire. En 1955, il fut rejoint par Ali Khodja qui venait de déserter les rangs de l'armée française. Si Lakhdar en fit un ami inséparable un compagnon de lutte et un frère. Tous deux, ils réussirent à mettre sur pied de puissants commandos, dont la valeur, leur discipline, le courage avaient soulevé l'admiration de l'ennemi lui-même et semé la panique au sein de ses troupes. En effet et suite aux coups répétés des moudjahidine, sous la direction éclairée des frères Si Lakhdar et Si Ali Khodja, toute la région Est d'Alger fut embrasée, malgré de nombreux renforts que l'armée coloniale avait dépêchés sur les lieux. Allant de Khemis El-Khechna à Bouira et de Fort-de-l'Eau à Tablat, l'ennemi essuyait défaite sur défaite. Oued El-Maleh, Bouguoudène, Sakamody, la côte 616, Bouzegza, Zbarbar, Laperrine, Palestro, Bouskène et d'autres noms encore restés liés à jamais celui de Lakhdaria. Si Lakhdar est tombé au champ d'honneur le 5 mars 1958, les armes à la main au mont Boulegroune, près de Souagui, dans la wilaya de Médéa. Ce n'est qu'en 1963 que l'ex-ville de Palestro fut rebaptisée Lakhdaria, en mémoire de Rabah-Saïd Mokrani, alias Si Lakhdar. RAMDANE B.