Face aux nombreuses critiques qu'il a essuyées de la part de l'athlète Fouad Baka, l'accusant directement d'avoir été derrière sa suspension de la part du Comité international paralympique (IPC), lors du meeting de Dubaï, le président de la Fédération algérienne de handisport (FAH), Mohamed Hachefa a voulu dans cette interview donné sa version des faits et parler également d'autres sujets d'actualité, notamment ceux qui concernent les affaires internes de la FAH. Liberté : Baka a été suspendu la semaine dernière par l'IPC, la FAH aurait-elle pu éviter cette sanction ? Mohamed Hachefa : Je pense que les gens ont donné plus d'importance qu'il n'en faut à cette affaire, qui n'est pas si grave comme le pensent certains. À vrai dire, c'est une affaire purement médicale. Cette année, il y a une nouvelle classification pour les visuels. Nous avons pris la décision de prendre part au meeting de Dubaï. Donc, dans cette spécialité on avait quatre athlètes concernés par la classification dont Baka. Nous avons entamé la procédure pour envoyer ces athlètes à Dubaï avec le dossier de sortie et tout ce qui s'en suit. Nous avons contacté le MJS pour le financement. Cependant, nous n'avons pas eu l'argent à temps pour la billetterie et la prise en charge des athlètes. On est arrivé au jour "J", la FAH n'a pas eu d'autres alternatives pour trouver de l'argent. J'ai parlé avec ces athlètes dont Baka, je leur ai dit que comme la fédération ne pourra en aucun cas prendre en charge les quatre athlètes pour le meeting de Dubaï, je préfère qu'on fasse l'impasse sur cette compétition et attendre le prochain meeting de Marrakech au mois d'avril, où on sera prêt pour envoyer les athlètes et faire la classification aussi, surtout que les athlètes concernés par la classification pourront le faire durant toute l'année. Donc, ils ont le choix. Mais l'entraîneur de Baka a insisté pour partir à Dubaï. Comme nous avions réservé les billets, il ne restait que la prise en charge des athlètes que la FAH ne pouvait pas assurer. En fait, je veux expliquer un détail très important... Allez-y.... La FAH a tout de même assuré la billetterie malgré le manque de moyens financiers. Nous avons fait tout une gymnastique pour acheter les billets à Baka et son entraîneur. J'ai appelé ce dernier pour lui expliquer que la FAH a acheté les billets et il a rétorqué que pour la prise en charge il va s'en charger. C'est à partir de là qu'en tant que président je lui ai promis de lui rembourser les frais à Dubaï dès qu'on aura reçu le chèque. L'entraîneur de Baka était convaincu par mon discours. Mais le lendemain on a reçu la nouvelle de la suspension de Baka comme un coup de massue sur la tête. Comment a été votre réaction ? J'étais, comme tous les membres du bureau, abasourdi par cette nouvelle. Tout le monde connaît la valeur de Baka. C'est un athlète qui a du potentiel, notamment il pourrait être médaillable aux Jeux paralympiques 2020 à Tokyo. Qu'est-ce que j'ai fait, j'ai pensé appeler l'entraîneur, M. Brahmi pour avoir la lumière sur cette affaire. Ce dernier m'a expliqué que Baka n'a pas voulu coopérer avec les médecins spécialisés de la classification. Vous savez, la classification est très stricte, donc, quand un athlète ne coopère pas durant le contrôle, il sera automatiquement suspendu, car ils auront des doutes quant à sa bonne foi. C'est très strict comme règlement et l'athlète doit coopérer avec eux. Baka a eu même une deuxième chance, il a discuté avec un médecin iranien qui parle arabe, mais là aussi il n'a pas voulu coopérer ! Mais certains remettent en cause la compétence de la FAH qui n'a pas envoyé un médecin avec Baka pour l'assister ? C'est totalement faux. Les nouvelles réglementations sont claires la dessus. En fait, ce n'est pas une obligation, l'athlète a le droit d'être accompagné par un membre de la fédération, que ce soit un entraîneur, un médecin, ils n'ont jamais cité dans les règlements de l'instance mondiale que la présence d'un médecin soit obligatoire. Pour vous dire que des gens malintentionnés veulent à tout prix salir mon image et induire en erreur l'opinion publique. La sanction de Baka est-elle irrévocable ? Non, cette sanction n'est pas irrévocable. J'ai eu une discussion avec l'athlète dès son retour en Algérie. Je lui ai expliqué qu'il n'a pas à s'inquiéter dans la mesure où on peut introduire un recours pour enlever cette suspension. Baka doit repasser un autre test de la classification. Chaque année il y a de nouveaux appareils pour la classification et c'est très strict. Baka n'est pas le premier à avoir été suspendu, nous avons eu par le passé plusieurs cas. Mais, après, avec un simple recours, ces athlètes ont été re-classifiés. C'est dans cette optique qu'on va introduire un recours pour Baka. Nous avons constitué un nouveau dossier avec des éléments nouveaux. Vous savez dans ce genre de dossier, on devrait introduire un recours pour enlever la suspension mais aussi compter sur le travail de coulisses qui est très important aussi. Mais je sais pourquoi il y a tout ce tapage médiatique pour l'affaire de Baka ! Pouvez- vous être plus explicite, M. Hachefa ? Baka est un grand sportif, c'est de mon ressort de le sauver. Si j'aspire à réussir mon mandat, je dois compter sur les meilleurs athlètes qui apporteront à l'Algérie des médailles, donc la FAH va tout faire pour aider Baka, contrairement à ce qu'essayent de faire croire à l'opinion publique certaines personnes de l'opposition qui veulent ma tête. Ces gens-là qui étaient auparavant à la fédération font tout pour nous mettre les bâtons dans les roues. Ils étaient présents lors de l'AGO pour essayer de remonter les deux tiers contre moi. El Hamdoulilah, ils ont échoué dans leurs tentatives. Maintenant, ils essayent de m'attaquer à travers l'athlète Baka. Tout ça est mesquin de leur part. Nous devrons être unis pour le bien des athlètes et du handisport algérien.