Lundi dans la soirée, le chanteur Chikh Sidi Bémol donnait la dernière représentation de son spectacle L'odyssée de Fulay à Alger, après ses passages à Oran, Tlemcen, Constantine et Annaba. Ce conte fantastique, inspiré de l'œuvre d'Apulée, mêlait chant, mythologie et légendes du terroir berbère. Avant-hier à la salle Ibn-Zeydoun de l'Office Riadh El-Feth (Oref) à Alger, l'auteur, compositeur interprète et désormais conteur, Chikh Sidi Bémol, dévoilait son spectacle L'odyssée de Fulay, un spectacle dansant, chantant, mais surtout poétique, inspiré de l'œuvre d'Apulée, et qu'il aura fait découvrir en exclusivité à son public algérois venu nombreux. Après ses escales à Oran, Annaba ou encore Constantine, effectuées à partir du 9 avril, l'interprète d'El-Bandi reprenait en effet le patrimoine culturel kabyle durant une heure et quinze minutes de ce spectacle où légendes, contes, mythes, poésie, chant, danse et humour se sont mêlés pour narrer les péripéties du petit Fulay, qui errera entre le ciel, la terre et même le royaume des morts pour finalement retrouver ce qu'il a de plus cher, sa "Berbérie" comme le disait si bien Sidi Bémol sur scène. Accompagné des deux frères Fleau, Damien au xylophone, flûte et piano, et Maxime aux percussions, clarinette et chœurs, le troubadour d'un soir relate à travers 12 chansons en kabyle entrecoupées d'un récit en langue française, les aventures fantastiques de Fulay, artiste de son état, qui côtoiera les dieux, les morts puis retournera grâce sa ruse d'abord, puis son honnêteté, aux siens. Des dieux et déesses grecs, romains et berbères, comme Anzar, Hadès, Hercule, Fulay côtoie d'autres peuples, d'autres mentalités qui lui apprendront peu à peu à s'ouvrir aux autres, à s'accepter et à s'attacher davantage à ses origines et à ce qu'il a. Les talents de chanteur de Sidi Bémol sont ici doublés de ses talents de conteur, qui passe d'une atmosphère, d'un tempo lorsqu'il relate les aventures de son héros, à une présence dont il était difficile de détourner le regard, avec ses mimiques, les intonations de sa voix, allant même jusqu'à se glisser dans la peau de son personnage en l'imitant, et feignant de reproduire son air las et grincheux. 0Par ailleurs, le travail d'arrangement réalisé par les frères Fleau est à saluer également, grâce à notamment la reprise de chants traditionnels berbères, accompagnés d'instruments modernes, à l'image du piano, de la guitare et des percussions. Les deux musiciens assuraient même les chœurs en langue kabyle, jusqu'à créer cette ambiance d'antan, sortie tout droit d'une maisonnette où l'on se délecte chaque soir de ces légendes qui ont traversé le temps. Après la fin du spectacle, le chanteur accueillait enfin son public pour quelques instants de partage, après une petite pause dans les coulisses. Selfies, encouragements et sourires étaient distribués des deux côtés en cette soirée où l'échange, la tolérance et l'authenticité étaient les maîtres mots. Yasmine Azzouz