Sur un ton menaçant, le ministre a exigé plus d'intransigeance de la part de son représentant local et du bureau d'études chargé du contrôle et du suivi des travaux. La malfaçon et l'imperfection dans la réalisation du complexe de navigation aérienne pour lequel une enveloppe financière de près de 10 milliards de dinars a été consacrée n'ont pas laissé de marbre le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaâlane, lors de sa visite de travail et d'inspection effectuée, lundi, dans la wilaya de Tamanrasset. Sur un ton menaçant, le ministre a exigé plus d'intransigeance de la part de son représentant local et du bureau d'études chargé du contrôle et du suivi des travaux. Peu convaincu par les arguments avancés par ce dernier, M. Zaâlane a émis plusieurs réserves notamment en ce qui concerne la finition des façades et le crépissage des murs qui semblent être faits "à la main" par des maçons novices. Vu l'importance que revêt cette infrastructure, la deuxième du genre à l'échelle nationale après celle de Cherarba à Alger, le représentant du gouvernement a fermement recommandé de se conformer aux cahiers des charges et informé l'entreprise réalisatrice, à savoir le groupement chinois AVIC-APC-CGC, qu'aucun "avenant, ni prolongement de délais ne lui seront accordés". Avec la réception des équipements spécifiques, dont la mise en service est prévue pour le 4e trimestre 2020, le complexe de Tamanrasset pourra contrôler le trafic aérien sur une superficie de 2 800 000 km2. Revenant au programme de la visite, le ministre, qui, faut-il le signaler, a été interpellé récemment par les députés de la région sur la situation du réseau routier, a pris connaissance de la nature des défis qui l'attendent dans cette wilaya du Grand Sud. Sur les 2 136 km de routes revêtues dont dispose la wilaya de Tamanrasset (1 818 km de routes nationales, 176 km de chemins de wilaya et 142 km de chemins communaux), 664 km, soit 31%, sont complètement détériorés. L'exposé de la direction locale des travaux publics a fait ressortir plusieurs points noirs nécessitant des interventions d'urgence. Cependant la priorité est accordée au renforcement et à la modernisation de la RN1 sur 258 km (74 km entre la limite avec la wilaya de Ghardaïa et Arak, 115 km entre Arak et Tamanrasset et 69 km entre Tamanrasset et In Guezzam) ainsi qu'au désenclavement de la daïra de Tin Zaouatine sur 207 km en direction de Silet. Les besoins liés au renforcement de neuf maisons cantonnières en moyens d'entretien des routes, à la réalisation de la 2e tranche de la route reliant Ideles à Djanet sur 84 km et à la réévaluation du dédoublement de la RN1 sur 12 km, ont également été soulevés au ministre qui a eu à constater l'importance des retards accusés dans la réalisation de plusieurs ouvrages, notamment les tronçons lancés sur la RN55A. Les motifs de cette situation problématique que les prédécesseurs de Zaâlane n'ont pas pu résoudre, sont, selon le DTP de Tamanrasset, liés à l'éloignement des gîtes d'agrégats utilisés dans la réalisation des projets de routes, au manque de points d'eau et à l'éloignement des centres d'approvisionnement en produits noirs et en carburants. Ces retards ont également été imputés au manque de moyens d'entretien, à l'éloignement des sections dégradées et à l'insuffisance des crédits destinés à l'alimentation des chantiers d'entretien, sachant qu'entre la période allant de 2005 à 2017, seulement 56 km de routes ont été entretenus, soit 4,5%. La première mesure a été prise sur place en intimant l'ordre au DTP de ne plus délivrer d'ordres de service (ODS) d'arrêts et de reprises sauf pour des cas extrêmement majeurs. "Les ODS d'arrêts et de reprises sont une exception qui tend à devenir une règle pour jouer sur les délais et éviter les pénalités de retards. Cette procédure doit être bannie désormais", lance le ministre en présence du wali de Tamanrasset et nombre d'entrepreneurs bénéficiaires de projets. RABAH KARECHE