Ce qui intéresse le géant américain ce sont vraisemblablement les ressources importantes de gaz de schiste de l'Algérie et les opportunités d'améliorer les taux de récupération de gisements de pétrole en déclin. Le P-DG de Sonatrach, Abdelmoumène Ould Kaddour, sait user de la fonction apéritive, c'est-à-dire la mise en appétit de l'opinion publique. Au cours de la conférence de presse tenue lundi dernier, il a évoqué sur un ton ironique la prochaine arrivée sur le marché pétrolier national du numéro 1 du pétrole dans le monde, l'américain Exxon Mobil. "Je suis allé au bain maure. Là, un employé m'a posé une question : ‘Où ça en est avec Exxon Mobil ?'" Façon de dire que le simple Algérien est au courant de l'intention d'Exxon Mobil d'investir en Algérie et que les activités de Sonatrach intéressent tout un chacun. Le patron de Sonatrach n'a cependant pas fait le point sur les discussions avec ce géant mondial. Il a indiqué que 27 compagnies internationales veulent venir investir en Algérie, une intention exprimée lors des Journées scientifiques et techniques de Sonatrach tenues en avril dernier. L'annonce de l'arrivée d'Exxon Mobil semble avoir joué, si on en croit les propos du premier responsable de Sonatrach. Ce qui intéresse Exxon Mobil, ce sont vraisemblablement les ressources importantes de gaz de schiste de l'Algérie et les opportunités d'améliorer les taux de récupération de gisements importants de pétrole en déclin. Il convient de noter en ce sens que le partenariat de Sonatrach avec les compagnies étrangères n'est pas dans une tendance ascendante. Les cinq dernières années ont enregistré la chute des investissements étrangers dans le secteur des hydrocarbures en Algérie. Sonatrach tente d'inverser la tendance. Un chantier est lancé depuis au moins trois ans pour rétablir la confiance des partenaires étrangers. En ce sens, 11 contentieux sur 12 avec des compagnies étrangères ont été réglés. Avec les compagnies pétrolières internationales présentes, telles que Total, BP, Statoil, Cepsa, Repsol et Eni, de nouveaux contrats ont été signés prolongeant l'exploitation, notamment des gisements de TFT, d'In Amenas, d'Orhoud et de Bir Rebaâ au Sud-Est de 15 ans. Ces reconductions de contrats impliquent de nouveaux investissements de ces partenaires pour maintenir ou augmenter la production de ces champs. Mais le plus important reste à faire : une nouvelle loi sur les hydrocarbures rendant plus attractif le domaine minier national ainsi que la levée des entraves bureaucratiques qui freinent le développement rapide du secteur des hydrocarbures. Concernant la nouvelle réglementation encadrant le secteur des hydrocarbures, elle sera prête fin 2018. Ce qui veut dire que l'appel d'offres en matière d'exploration ne sera lancé qu'en 2019. À moins qu'en attendant, Sonatrach ne privilégie les partenariats de gré à gré. À noter que sans la levée des contraintes bureaucratiques, la nouvelle loi sur les hydrocarbures ne suffira pas à rendre le domaine minier national plus attractif. Autre difficulté sur le chemin de la relance du partenariat : la concrétisation du partenariat avec Exxon Mobil ou d'autres grandes compagnies internationales suppose accorder des concessions supplémentaires à ces partenaires. Exxon Mobil ne viendra pas si des opportunités très intéressantes ne lui sont pas proposées. Et là, Sonatrach devra trouver le juste équilibre entre les intérêts du pays et les intérêts de ces compagnies étrangères, soit, en un mot, aller vers ce qu'on appelle un partenariat gagnant-gagnant. Enfin, si on en croit les effets d'annonce d'Ould Kaddour, la politique partenariale de Sonatrach sera plus ambitieuse. Sonatrach vise dans sa stratégie 2020-2030 à accéder à de nouvelles réserves d'hydrocarbures à l'étranger. On n'en est qu'au début. Sonatrach a, en l'occurrence, conclu un accord préliminaire avec la compagnie Delta Oil pour étudier le potentiel de deux champs pétroliers en Irak, prélude à des investissements de la compagnie pétrolière nationale dans ce pays. K. Remouche