Près de six mois après la disparition subite de notre ami et confrère Ahmed Achour, journaliste sportif connu et apprécié pour sa culture footballistique et sa plume d'or bien établie, voilà que la presse sportive algérienne vient de perdre encore l'une de ses plus grandes figures en la personne de Mohamed Sellah, brillant commentateur sportif de la radio algérienne et ancien responsable des sports à la Radio nationale Chaîne 1. La triste nouvelle est tombée comme un véritable couperet, avant-hier lundi en fin de journée, et elle fit aussitôt le tour des rédactions puis du fin fond de l'arrière-pays. Il est vrai que le regretté Mohamed Sellah était la "voix d'or" et le porte-parole des passionnés du foot en Algérie et dans tout le Maghreb. Né en 1936 à Damas où ses parents, originaires du village d'Ouled-Ouaret, relevant de la commune de Sidi-Naâmane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, ont été condamnés à l'exil pour fuir les affres de la colonisation française, Mohamed Sellah a ensuite grandi à Tunis où il a évolué en jeunes catégories à l'Espérance de Tunis à la fin des années 40 pour porter ensuite les couleurs du Stade tunisien en équipe sénior. Heureuse coïncidence, à Tunis, Mohamed Sellah a grandi avec son ami et compatriote, Abderazak Zouaoui, l'ancien commentateur sportif bien connu de la Télévision algérienne, son aîné d'un an puisque ce dernier, qui est né le 4 avril 1935 à El-Eulma, fréquenta la fameuse école secondaire de la Zitouna de Tunis dans les années 50. Curieux destin, Mohamed Sellah et son aîné Abderazak Zouaoui rentrèrent en Algérie au lendemain de l'Indépendance pour consacrer pratiquement toute leur vie à la presse sportive nationale, Sellah à la radio et Abderazak (c'est son nom de famille) à la télévision. Et si Zouaoui Abderazak avait conquis le cœur de millions d'Algériens en commentant, avec fierté et passion, la fameuse victoire de l'équipe nationale algérienne en finale des Jeux méditerranéens d'Alger en 1975 contre l'équipe de France olympique (3-2), le regretté Mohamed Sellah, lui, avait pris magistralement le relais pour entrer dans la légende le 16 juin 1982, lors de la victoire historique de l'Algérie contre l'ogre allemand (2-1) au Mondial espagnol. "Ce jour-là, j'étais dans un état second, pratiquement sur un nuage car personne n'avait parié le moindre sou sur notre équipe nationale qui affrontait une grande nation du football comme l'Allemagne, de surcroît futur vainqueur du Mondial espagnol. Il est vrai que j'ai commenté avec cœur, passion et un peu d'hystérie cette grande page d'histoire de notre équipe nationale qui venait de défrayer la chronique mondiale et avait frappé un grand coup pour sa première participation en Coupe du monde", m'a révélé, un jour, le regretté Sellah, à Riyad, la capitale saoudienne, où l'on s'était bien côtoyé durant deux bonnes semaines à l'occasion de la Coupe arabe des clubs champions aux côtés de notre confrère et ami, Aziz Lahdir, autre journaliste sportif bien connu de la Chaîne 2. N'est-ce pas que le sympathique et bien-aimé Mohamed Sellah aura amplement mérité toutes les marques de sympathie, de respect et de considération émanant d'une foule nombreuse qui a tenu à l'accompagner à sa dernière demeure, hier après la prière du Dohr, au cimetière de Garidi, à Kouba. Adieu Sellah ! Adieu l'artiste ! Mohamed HAOUCHINE