Dès son investiture à la présidence, Donald Trump a inspiré de la méfiance à cause de sa rhétorique protectionniste qui, selon ses détracteurs, pouvait causer de graves dégâts. Au nom de la protection de la sécurité nationale, les Etats-Unis ont décidé d'imposer, dès hier (vendredi), des tarifs supplémentaires de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium en provenance de l'Union européenne ainsi que du Canada et du Mexique. En portant les coups les plus acérés à l'encontre de leurs alliés, les Etats-Unis ont suscité indignation et incompréhension jusqu'au sein du parti républicain du président américain Donald Trump. Les pays visés ont d'ores et déjà promis des mesures de représailles, à commencer par le Canada, premier exportateur d'aluminium aux Etats-Unis et deuxième exportateur d'acier derrière les Européens qui prévoit une riposte dès le 1er juillet. Le Mexique prévoit également des représailles du même genre. Et de l'autre côté de l'Atlantique, les Européens ne sont pas en reste. Pour sa part, la patronne du FMI, Christine Lagarde, a dénoncé une forme "de remise en cause de la manière dont le monde fonctionne" depuis des décennies, fondée sur "le principe de la confiance et de la coopération". Ces mesures "provoqueraient de sérieuses turbulences", ont prévenu la Commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, et le ministre japonais au Commerce, Hiroshige Seko. Tous deux ont également estimé qu'une telle initiative américaine pourrait mener à la "disparition du système commercial multilatéral" actuel. Pour les experts de l'OCDE, même si la mise en place de restrictions n'a rien de nouveau, "une prochaine escalade des tensions pourrait affecter de manière significative l'expansion économique" en raison du niveau d'intégration de l'économie mondiale. Dès son investiture à la présidence, Donald Trump a inspiré de la méfiance à cause de sa rhétorique protectionniste qui, selon ses détracteurs, pouvait causer de graves dégâts. Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis augmentent ainsi leurs droits de douane sur l'acier. En 2002, le président américain George W. Bush avait instauré des taxes douanières de 8 à 30% sur divers produits à base d'acier afin de "sauver" l'industrie sidérurgique américaine. Sans succès. En réaction, les autres pays avaient augmenté leurs droits de douane et porté plainte à l'OMC, qui avait fini par leur donner raison au bout de quelques mois. Nul doute qu'en établissant des droits de douane à l'entrée des produits étrangers, les Etats-Unis savent que les pays concernés vont également par réciprocité établir des droits de douane, ce qui risque de diminuer le commerce international qui d'ailleurs n'a pas encore repris sa vigueur depuis la crise économique 2008-2009. "Le protectionnisme américain pourrait être perturbant, en particulier si les surtaxes sont élevées et si elles entraînent des mesures de rétorsion", estime l'économiste Tomasz Wieladek de chez Barclay. Si le jeu du président américain est de plus en plus clair, les Européens sont néanmoins confrontés à une équation périlleuse. Comment rester ferme dans la défense de leurs intérêts sans abîmer encore un peu plus la relation transatlantique, que Donald Trump a déjà tellement mise à mal, après s'être retiré de l'accord de Paris et avoir tout récemment répudié l'accord nucléaire iranien ? Aucune capitale européenne ne veut tourner le dos aux Etats-Unis, premier partenaire commercial de l'Union, mais aussi partenaire indispensable en matière de défense et de sécurité. Saïd Smati