Alors que la récente réunion de Paris sur la Libye laissait entrevoir une sortie de crise avec l'annonce d'élections générales avant la fin de l'année 2018, le maréchal Khalifa Haftar fausse tous les calculs. Le controversé maréchal Khalifa Haftar a pris tout le monde de cours en remettant le contrôle des installations pétrolières libyennes aux mains des autorités parallèle de l'Est, a annoncé son bras droit, lundi soir. "Toutes les installations pétrolières sécurisées par l'ANL sont remises à la Compagnie nationale de pétrole issue du gouvernement provisoire (de l'Est) et présidée par Faraj al-Hassi", a déclaré le général Ahmed al-Mesmari qui lisait une décision du maréchal Haftar. L'ANL contrôle les quatre terminaux du Croissant pétrolier dans le Nord-Est, en plus du port de Hariga à Tobrouk, près de la frontière égyptienne, par lesquels l'essentiel du pétrole libyen est acheminé vers l'étranger. Cette décision a été vivement contestée par le gouvernement libyen d'union nationale (GNA), reconnu internationalement. Celui-ci a appelé, hier, le Conseil de sécurité des Nations unies à bloquer toute tentative de vente illégale de pétrole par les autorités rivales de l'Est. "Remettre les terminaux pétroliers à une entité qui n'est pas légitime ne fait qu'exacerber les tensions, (...) nuit au processus d'entente, et incite à la discorde et à la division", a ajouté dans un communiqué le GNA. Une telle action, a souligné le GNA, "sape tous les efforts internationaux et nationaux de ces dernières années en vue d'un retour à la stabilité". Encore une fois, les efforts de la communauté internationale pour aider la Libye à retrouver sa stabilité sont sapés par une décision unilatérale d'une des parties en conflit dans ce pays. Allant à contresens des derniers développements dans la crise libyenne, qui laissait entrevoir le bout du tunnel à l'issue de la réunion de Paris, l'un des principaux belligérants, qui s'était engagé à respecter les accords, en l'occurrence le maréchal Khalifa Haftar prend cette décision, qui remet en cause l'autorité du GNA. Pis encore, tout ce qui a été conclu dans la capitale française, le 29 mai dernier lors de la réunion initiée par l'Elysée, a été sabordé par le maréchal Khalifa Haftar. Et pourtant, il avait lui-même remis en 2016 la gestion de ces installations à la NOC basée à Tripoli, après des efforts pour l'unification des deux compagnies. La situation se complique donc davantage en Libye d'autant plus que l'accord de Skhirat de 2015, qui constitue la base pour toutes les négociations inter-libyennes, est caduc, car sa durée est limitée par une de ses clauses, et que le Gouvernement d'union nationale (GNA) peut être considéré comme illégal, car sa création n'a pas été ratifiée par le Parlement de Tobrouk, conformément aux dispositions de cet accord. C'est un véritable imbroglio, quasi inextricable, en raison des changements de position fréquents des parties en conflit, qui semblent obéir à des agendas diamétralement opposés. Merzak Tigrine