On savait que l'équipe d'Espagne avait perdu de son éclat depuis plusieurs années. Après ses succès en Coupe du monde 2010 et lors des Euros 2008 et 2012, la Roja n'est plus la même depuis la dernière édition de la Coupe du monde au Brésil. D'ailleurs, après avoir quitté la compétition dès le premier tour au pays de la samba, les Espagnols ont éprouvé d'énormes difficultés pour passer le premier tour lors de cette édition. Avec deux nuls face au Portugal (3-3) et le Maroc (2-2) et une petite victoire face à l'Iran (1-0) c'étaient des signes de la décadence d'un groupe loin de maîtriser son sujet. Une charnière centrale trop frêle avec Piqué et Ramos loin d'être rassurants, mais le plus dur pour l'Espagne c'est qu'elle n'a pas réussi à remplacer des joueurs créatifs comme Xavi et Alonso. Iniesta qui a pris un coup de vieillesse et Isco irrégulier dans ses performances ont eu du mal à reprendre le flambeau. À cela il faudrait ajouter un fait qui a sérieusement ébranlé la Roja avant même le début de la compétition. Le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales, a décidé de limoger le sélectionneur Julien Lopetegui, deux jours seulement avant l'entame de la Coupe du monde. Il avait reproché au futur coach du Real Madrid d'avoir tout conclu avec les Merengues, alors qu'il devait se consacrer à préparer l'équipe pour l'entame de la Coupe du monde. Même si rien ne pourrait prouver le contraire, il est clair qu'un groupe risque d'être déstabilisé lorsqu'on lui annonce l'éviction d'un entraîneur la veille d'une quelconque compétition. Il faut dire que la Roja avait payé cash les relations pas au top entre Rubiales et Lopetegui. Le président de la RFEF a affirmé au lendemain de l'élimination de l'Espagne qu'il avait agi avec conviction et responsabilité et que même avec la présence de Lopetegui, personne n'aurait su ce qui se serait passé. Rubiales s'est tout de même montré satisfait d'une élimination, chose qui n'est pas habituel pour une sélection comme l'Espagne, qui ne se contente jamais des seconds rôles. "Nous sommes éliminés en ayant été largement supérieurs", a-t-il indiqué. Cependant, il faut reconnaître que ce n'est pas la seule raison de l'élimination de l'Espagne dès le 1/8 de finale. Un manque de créativité et un énorme Akinfeev ont favorisé la sortie prématurée de la Roja, surtout avec la grosse déception que restera David Silva, le moins fringant Isco et le poids des ans qui pesait sur Iniesta. La Russie n'avait pas à faire grand-chose. Malgré les 1006 passes réussies par les camarades de Ramos, contre seulement 191 en faveur de la Sbornaïa en 120 minutes, la finalité c'est que cette dernière n'a pas inscrit moins de but que la Roja. Avec une moyenne d'âge de 28 ans, dont la plupart des cadres dépassent la trentaine, la déception Russie 2018 obligera l'Espagne à effectuer sa mue. Lopetegui, qui avait entamé une petite révolution, n'est pas allé au bout de son projet. Son départ a fait beaucoup de mal à la sélection, même si Rubiales refuse de l'admettre. M. A.