Ces manifestations renseignent sur une gestion des plus déplorables des affaires publiques liées directement aux attentes légitimes des citoyens. Les dizaines de milliers de logements, deux fois 50 000 unités distribuées récemment à l'occasion des Fêtes nationales, n'ont pas eu l'effet escompté par les autorités. Conçues comme un tremplin pour faire la promotion du bilan du chef de l'Etat et, partant, du 5e mandat, ces opérations ont provoqué un effet contraire. Toute la communication qui a entouré ces opérations n'a pas rassuré les milliers, voire les millions de citoyens qui attendent leurs logements depuis des années. À Béchar, à Adrar ou à Tizi Ouzou et dans beaucoup d'autres localités du pays, le logement reste une source d'inquiétude et de stress pour le pouvoir en place. En effet, des citoyens montent souvent au créneau pour dénoncer, soit leur exclusion de tous les programmes prévus, soit le retard enregistré dans la livraison des logements. Hier, des dizaines de citoyens se sont rassemblés devant le siège de la daïra d'Adrar, au sud du pays, pour protester contre une liste de postulants aux logements sociaux. "Les contestataires ont appelé les instances responsables concernées à veiller à la transparence et à l'équité dans l'établissement de la liste nominative des bénéficiaires de cette formule de logements et d'enquêter sur la liste rendue publique ce week-end concernant les bénéficiaires de 1 300 logements publics locatifs de la commune d'Adrar", a rapporté l'agence officielle. À Tizi Ouzou, rapporte encore l'APS, des souscripteurs au logement public aidé (LPA) au niveau du projet 100 logements de Draâ Ben Khedda, ont organisé, hier, un sit-in devant le siège de l'Office de gestion et de promotion immobilière (OPGI) pour exiger la livraison de leurs logements. Les manifestants ont dénoncé "les retards injustifiés dans la réalisation du chantier dont les travaux ont commencé en 2014". À Béchar, en réponse aux émeutes qui ont éclaté le week-end, dont la revendication principale était liée à la problématique du logement, les autorités de la wilaya se sont engagées, dans le but d'apaiser la situation, à distribuer 11 000 lots de terrains destinés à l'auto-construction et 1 170 logements sociaux, et ce, à partir du 1er septembre. Ces manifestations renseignent, en fait, sur une gestion des plus déplorables des affaires publiques liées directement aux attentes légitimes des citoyens. L'accès au logement, un droit, est devenu au fil du temps un moyen de pression politique. Ce droit ne devrait pas être géré d'une manière politicienne et clientéliste, dont l'objectif serait d'amener les demandeurs à soutenir le projet politique du régime. Un régime qui en use pour sa propagande. Preuve en est, la médiatisation outrancière dont il entoure les opérations de distribution des logements. Mohamed Mouloudj