Luka Modric est un footballeur sensationnel, et le parcours de la Croatie, finaliste malheureuse du Mondial-2018 (4-2), lui vaut d'être élu meilleur joueur du tournoi. Mais cela sera-t-il suffisant pour ravir le Ballon d'or à Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, voire à un des champions français ? Le sélectionneur de l'Argentine, Jorge Sampaoli, aime à répéter que le football doit un Mondial à Lionel Messi. Mais ne doit-il pas aussi un Ballon d'or à Luka Modric ? Le Croate, sacré meilleur joueur de la compétition, n'est pas la superstar qu'est l'Argentin, et n'a pas la personnalité ou les abdos de son désormais ex-coéquipier au Real Madrid, le Portugais Cristiano Ronaldo, qui vient d'être transféré à la Juventus Turin. Mais son jeu, très collectif, est un régal pour les Croates, les supporters du Real Madrid, voire pour l'ensemble des amateurs de football. "Il est très mobile, pas spécialement axial, mais il a évidemment une base technique qui a plus ou moins son équivalent de l'autre côté avec Rakitic, et une très grande intelligence de jeu", avait analysé, avant la finale, le coach français Didier Deschamps. Avec Modric à la baguette, "on découvre soudain que l'espace et le temps existent, et que ce qu'il fallait c'était quelqu'un avec le talent pour les faire revenir", salue l'Argentin Jorge Valdano dans les colonnes du Guardian. Le Croate est "quelqu'un qui sait jouer au football". "Il ne faut pas commenter son jeu mais juste le regarder et en profiter", a préconisé l'ancien international Mario Stanic, tandis qu'Alen Boksic en est "amoureux". "Il joue avec une simplicité fantastique, c'est un joueur fabuleux, le meilleur joueur croate de tous les temps", a même dit l'ancien attaquant. Et le meilleur joueur du monde, au moins cette saison ? Après tout, le n°10 aux airs de lutin, avec son grand nez et ses longs cheveux, a remporté la Ligue des champions — sa quatrième en cinq ans et la troisième consécutive performance exceptionnelle ! — et conduit son pays de 4,5 millions d'habitants jusqu'en finale pour la première fois de son histoire. "Après sa superbe saison avec le Real Madrid, il a gagné trois Ligues des champions consécutives, il continue de sprinter pendant 116 minutes, il dirige l'équipe, je pense que c'est l'homme de la compétition et qu'il mérite de gagner le trophée" du meilleur joueur, observait son sélectionneur Zlatko Dalic avant la finale. "Il est à l'apogée de sa carrière, et je suis sûr qu'il mériterait de gagner" le Ballon d'or. Cinquième du dernier Ballon d'or, derrière Cristiano Ronaldo, Messi, Neymar et Gianluigi Buffon, il peut espérer être mieux classé cette saison : le Portugais et l'Argentin ont été évincés du Mondial dès les huitièmes, Neymar en quarts après avoir agacé le monde entier par ses jérémiades et simulations, tandis que Buffon, nouvelle recrue du PSG, n'était même pas qualifié pour cette Coupe du monde de toutes les surprises.