Plutôt que de réaliser les économies initialement fixées, l'Exécutif s'est fait remarquer par ses tentations protectionnistes qui ont soulevé un tollé parmi les partenaires commerciaux du pays. L'Exécutif peine à réduire la facture des importations en dépit d'une batterie de mesures mise en place depuis janvier 2018. C'est là l'essentiel de ce qu'il faut retenir du dernier bilan sur le commerce extérieur, communiqué dimanche par l'administration douanière. Au compteur des économies réalisées au titre du 1er semestre de l'année figure une faible moisson de 489 millions de dollars. Mauvais départ pour le nouveau dispositif dit d'encadrement des importations mis sur pied depuis janvier 2017. Celui-ci repose pourtant sur un arsenal de mesures dissuasives, à l'image des dispositions à caractère tarifaire contenues dans la loi de finances 2018, dont l'élargissement de la liste des marchandises soumises à la taxe intérieure de consommation (TIC) au taux de 30%, pour 10 familles de produits finis, ainsi que le relèvement des droits de douane pour 32 familles de produits finis. D'autres mesures, à caractère quantitatif, sont venues muscler le dispositif, à savoir, entre autres, la suspension provisoire à l'importation de 45 familles de produits finis et la mise en place d'un contingent quantitatif pour les véhicules automobiles. Ce n'est pas tout, puisque la Banque d'Algérie avait, à son tour, verrouillé l'acte d'importation en instituant l'exigence d'une domiciliation bancaire préalable et dont la couverture financière a été portée à 120% du montant de l'opération. Six mois après l'entrée en vigueur de ces mesures, force est de constater que l'Exécutif est loin du compte par rapport aux objectifs initialement fixés en matière d'économies. C'est que l'essentiel des restrictions à l'importation concerne des biens de consommation, à l'exception du rond à béton, alors que ces produits ne représentent qu'environ un tiers des importations. De ce fait, les deux tiers restants, à savoir les biens intermédiaires/intrants et biens d'équipement, qui font l'essentiel de la facture des importations, n'ont pas vraiment été concernés par lesdites mesures. Dans ses calculs, l'Exécutif s'est également fait rouler dans la farine sur la question de l'importation des kits SKD/CKD destinés aux industries de montage automobile. Au rythme où vont les choses, le coût des collections SKD/CKD égalera sous peu la facture d'importation de véhicules dont la valeur, faut-il le souligner, avait fait sortir le gouvernement de ses gonds en 2015. Et c'est à ce moment-là que le dispositif de licences a vu le jour. Au-delà des comptes visibles inscrits sur le devis des importations, la balance des services n'a pas été non plus ciblée par les mesures de restriction à l'importation, mais qui présente un déficit de l'ordre de 10 milliards de dollars en moyenne et qui impacte directement l'évolution des réserves de change. Résultats des courses : plutôt que de réaliser les économies initialement fixées, l'Exécutif s'est fait remarquer par ses tentations protectionnistes qui ont soulevé un tollé parmi les partenaires commerciaux du pays. D'où l'institution dans la loi de finances complémentaire 2018 d'une taxe appelée "droit additionnel provisoire de sauvegarde" applicable aux opérations d'importation de marchandises. Sauf que cette nouvelle façon de faire ne va pas améliorer la situation par rapport à l'interdiction pure et simple. Le léger mieux que l'on peut espérer est que les droits de douane vont rapporter des recettes fiscales additionnelles à l'Etat et ils sont plus conformes aux obligations internationales. La question qui se pose, néanmoins, est celle de savoir jusqu'à quand l'Europe va-t-elle tolérer le caractère "provisoire qui dure" de ces droits de sauvegarde ? Ali Titouche