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Makri : "Le 5e mandat n'est pas une fatalité"
Le chef du MSP ne compte pas renoncer à son initiative au profit du "consensus"
Publié dans Liberté le 31 - 07 - 2018

Les revers qu'il vient d'essuyer face, successivement, au FLN, à l'armée et au RND, soit l'essentiel des acteurs du pouvoir, ne semblent pas entamer, outre mesure, la détermination d'Abderrezak Makri à aller au bout de sa requête pour la construction d'"un consensus national".
C'est du moins ce qu'il nous a confié, hier par téléphone, soit au lendemain même de sa rencontre avec Ahmed Ouyahia. Mieux encore, le chef du MSP tente d'interpréter l'échec annoncé de son initiative plutôt comme étant un "succès" tant est que, dit-il, celle-ci aura déjà eu le mérite d'avoir fait bouger la scène politique. M. Makri avoue qu'au-delà des positions des uns et des autres, il ne s'attendait pas à un tel engouement notamment de la part des partis du pouvoir mais aussi et surtout à la réaction illico de l'armée. "Franchement, nous ne nous attendions pas à ce que les partis du pouvoir acceptent de dialoguer avec nous. Cela d'autant plus qu'il y a eu des expériences passées où le pouvoir avait refusé de nous entendre. Ce fut le cas, notamment, à la veille du 4e mandat lorsque le pouvoir avait refusé d'entendre la voix de l'opposition regroupée alors dans la Coordination pour les libertés et la transition démocratique. Donc, le fait que nous soyons entendus aujourd'hui, c'est déjà un pas en avant", nous a-t-il confié, non sans afficher clairement son opposition à l'option d'un 5e mandat pour le président Bouteflika tel que le souhaitent ses partisans, notamment le FLN et le RND. Pour Makri, le 5e mandat ne constitue pas une fatalité pour le pays. "À travers notre initiative pour le consensus national, nous essayons de dire à nos interlocuteurs, notamment les défenseurs de cette option, que le 5e mandat n'est pas une fatalité. Donc, ce n'est pas inévitable pour le pays comme tentent de nous le faire croire ses partisans. L'alternative existe, en l'occurrence celle d'aller vers un consensus national global et inclusif pour une transition politique et économique", a soutenu le chef du MSP pour qui le fait que les représentants du pouvoir reconnaissent l'existence de la crise économique, est une manière de reconnaître l'échec politique du pouvoir en place. "Quand ils admettent l'existence de la crise économique, ils reconnaissent de fait leur échec politique. Donc, la crise est avant tout politique. D'où notre insistance sur la nécessité de construire un consensus national pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle qu'il traverse", a encore expliqué M. Makri, qui se réjouit, par ailleurs, de la réaction de l'institution militaire à son appel pour qu'elle se porte garante du consensus. Pour lui, la réaction de la hiérarchie militaire devrait désormais obliger l'armée à ne plus s'impliquer dans la vie politique du pays. "L'armée a dit publiquement qu'elle n'avait pas pour mission de s'immiscer dans la vie politique. Nous ne lui demandons pas plus que ça. Dorénavant, l'opinion publique sera témoin de ce que la hiérarchie militaire vient d'affirmer. En d'autres termes, l'armée est désormais tenue de respecter son engagement à ne plus s'impliquer dans la politique. Et c'est tant mieux pour le pays", a-t-il souligné.
De ce fait, le chef du MSP ne compte pas renoncer à son initiative qu'il s'engage à mener jusqu'au bout. Il indique, à ce titre, qu'il poursuivra ses entrevues avec l'ensemble des partis politiques, puis avec les organisations syndicales et les associations pour finir avec des activités de proximité avec les citoyens des quatre coins du pays. "Nous voudrions rencontrer l'ensemble des partis politiques, sauf ceux qui refuseraient notre sollicitation", a-t-il confirmé. Le parti islamiste El-Bina, issu d'une dissidence du MSP, et El-Moustaqbal sont parmi les premiers programmés.
Farid Abdeladim


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