Le parti islamiste semble déceler des indices qui écartent le 5e mandat. Fait-il ainsi un appel du pied à l'armée pour s'impliquer dans la construction démocratique. Le chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Makri, estime que l'option du cinquième mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika, réclamé par ses partisans, s'éloignerait au vu, dit-il, des derniers développements de la scène politique nationale. Pour lui, ceux qui appellent au cinquième mandat, le font parce que, soit ils ont des intérêts à préserver, soit pour servir le clan présidentiel pour qui ils travaillent. Il cite, entre autres développements, notamment, les récents "actes parlants" de l'institution militaire dont les changements décidés suite à l'affaire de la cocaïne... D'où son jugement que l'armée ne serait plus la grande muette qu'elle était censée être. "Il y a encore quelques mois, l'éventualité du cinquième mandat se dessinait quasiment clairement, mais plus maintenant. Aujourd'hui, c'est même une option qui s'éloigne au vu des développements de la scène nationale. L'institution militaire ne représente plus la grande muette." "Ces actes sont parlants", a-t-il, en effet, tranché, hier, lors d'une conférence de presse ayant pour thème "Analyse des mutations et développements de la scène politique algérienne". Il appelle l'ANP à s'impliquer dans la transition démocratique Ceci, quand bien même, regrette-t-il, le pays traverse une situation de "confusion totale" et qu'il est donc, ajoute-t-il, difficile de pronostiquer l'issue de la présidentielle de 2019. "Le pays traverse une situation de cumul, de doute et de confusion totale. Le système est tellement fermé que les règles de la compétition politique sont, aujourd'hui, inexistantes. D'où, il est très difficile de prévoir quoi que ce soit", a déploré M. Makri, non sans faire un appel du pied aux hauts fonctionnaires de l'armée, à leur tête le vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée et chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, pour participer à la réalisation de la transition démocratique dans le cadre d'un consensus national, tel que souhaité par l'opposition. "Que Gaïd Salah et l'ensemble des cadres de l'armée participent à la réalisation de la transition démocratique dans le cadre d'un consensus national inclusif. C'est la meilleure voie de sortir le pays de la crise politique et économique qui l'affecte", a appelé le chef du MSP, estimant que les moyens de sortie de crise existent. "Certes, le pays traverse une situation économique difficile, mais des solutions existent. Cela passe néanmoins par la bonne gouvernance. Sans quoi, le pays s'enfoncera davantage dans la crise. La sortie de crise passe ainsi par l'engagement de réformes politiques sérieuses. Si on reste dans les chambres noires, on ne sortira jamais de la crise", a averti le chef du MSP qui se dit preneur de toute initiative, de quelque bord qu'elle soit, allant dans le sens de redresser la barre et de travailler exclusivement pour l'intérêt du pays. À une question relative à l'affaire des 701 kg de cocaïne saisis, fin mai dernier, au port d'Oran et au lot de limogeages de hauts responsables qu'elle a provoqué, M. Makri juge que celle-ci aura "affaibli l'Etat algérien". Il regrette que cette affaire impliquant de hauts responsables et des institutions ne soit qu'une facette de la crise multidimensionnelle dans laquelle le pays est engoncé. D'où son appel à un traitement sérieux de cette affaire, mais aussi et surtout à dire la vérité, toute la vérité au peuple... Farid Abdeladim