Le nouvel entraîneur national a réussi d'emblée, bien avant d'entamer sur le terrain sa mission à la tête des Verts, une première prouesse inédite dans l'histoire du football algérien, à savoir présenter une liste de sélectionnés sans aucun joueur local. C'est sans doute la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante que la sélection nationale ne compte aucun élément évoluant en Algérie. Tous les entraîneurs qui se sont succédé à la tête des Verts depuis notamment une décennie, qu'ils soient locaux ou étrangers, ont toujours couché au moins cinq noms sur leur liste. La palme revient d'ailleurs à Vahid Halilhodzic qui, après avoir brassé large au niveau du championnat national et donné la chance à de nombreux talents naissants, a réussi l'exploit de placer cinq joueurs locaux dans un match des quarts de finale de Coupe du monde au Brésil contre l'Allemagne, à savoir Slimani, Soudani, Djabou, Halliche et Belkalem. Concrètement, cela veut dire que bien que la compétition nationale ait déjà débuté, aucun joueur n'a trouvé grâce pour le moment aux yeux de Belmadi. Aucun ne mérite donc dans l'immédiat de porter les couleurs nationales. La sentence est dure, sévère, mais elle reflète aussi l'état de déliquescence atteint par le niveau du championnat national qui ne produit plus de joueurs de niveau international, alors que sa mission principale est justement d'en alimenter la sélection nationale. Il ne faut surtout pas se voiler la face, le verdict de Belmadi peut paraître sévère, voire expéditif, mais n'importe quel autre entraîneur aurait fait quasiment le même constat. Le verdict de Belmadi a au moins le mérite de remettre sur le tapis le débat sur le football local et sa capacité à concurrencer les talents qui nous viennent d'outre-mer et qui ont le droit absolu de défendre les couleurs de leur patrie d'origine, pourvu qu'ils affichent la volonté de le faire. C'est bien mieux en effet que de focaliser les discussions stériles et surtout contre-productifs sur une prétendue dualité entre les joueurs locaux et expatriés. Il serait du reste intéressant de connaître l'opinion de la FAF sur cette liste "clés en main" qui réduit le rôle de la fédération à celui de simple secrétariat, juste bonne à envoyer des convocations à des joueurs expatriés. La fédération ne s'ingère sans doute pas dans le travail de Belmadi mais le choix de recourir au "tout pros" au niveau de l'équipe nationale est de nature stratégique qui mérite une réaction officielle de la FAF. Qu'elle (FAF) soit d'accord ou non, l'essentiel c'est de savoir où on va dans ce genre de démarches. Cependant, il ne faut pas perdre de vue également que Belmadi n'a pas eu le temps de s'imprégner vraiment de l'atmosphère du championnat national ; c'est peut-être trop tôt pour lui de juger des joueurs locaux déjà accablés de préjugés. À ce propos, ne faudrait-il pas lui laisser le bénéfice du doute au lieu de lui faire un procès sur son possible penchant pour les joueurs évoluant à l'étranger ? Attendons pour voir ! En revanche, la liste de Belmadi mérite qu'on s'y attarde concernant certains choix surprenants. Le fait de retrouver des noms à l'image des défenseurs Hassani, Tahrat et Belkhiter peut poser problème. Belmadi ne peut pas ignorer que ces éléments-là ont déjà prouvé leurs limites en équipe nationale. Il y a indéniablement mieux sur le marché local. Quand Belmadi dit qu'il ne fait aucune différence entre le joueur local et celui expatrié, il faut joindre le geste à la parole. Idem pour certains choix au milieu de terrain. Le fait de repêcher un Guedioura (32 ans) n'est pas la meilleure façon de préparer une équipe d'avenir en perspective du Mondial 2022 à moins que la CAN 2019 reste un point de fixation pour Belmadi. Un leurre surtout ! SAMIR LAMARI