Alibi. Finalement le stage de trois jours de la sélection nationale de football, réservé exclusivement aux joueurs évoluant en Algérie, n'était qu'un prétexte soigneusement préparé à l'avance par le coach national, Jean-Michel Cavalli, afin de justifier la mise à l'écart des locaux pour le prochain match amical face au Burkina Faso, prévu le 15 novembre prochain à Aix-en-Provence (France). En effet, selon une source digne de foi proche de la FAF, le technicien n'a coché sur sa liste des 20 joueurs convoqués aucun joueur parmi les éléments algériens évoluant dans le championnat local. Les seuls rescapés sont les trois gardiens Gaouaoui, Ousserir et Hadjaoui, sachant que l'Algérie ne possède pas pour le moment de keepers en activité à l'étranger capables d'honorer les couleurs nationales. Cavalli a puisé donc à fond dans le vivier des pros, 17 joueurs au total, affirme notre source, parmi lesquels de nouvelles têtes, à l'image de Bouazza (Watford) et Bouguerra (Club africain), comme du reste cela a été annoncé dans ces mêmes colonnes par Liberté Foot. Cavalli a jeté aussi son dévolu sur le défenseur du Kaiserslautern, Bouzid, et le jeune Bridji qui évolue en Hollande (déjà sélectionné en espoirs). Pour le reste, des habitués des Verts, à l'image de Ziani, Mansouri, Beloufa et autres Deham et Chadli. En revanche, point de trace de Hadj Aïssa, Metref, de Maïza, Bouguèche, Younès ou encore de Yacef. Ces jeunes talents, promis à un bel avenir, sont désormais sacrifiés sur l'autel de la stratégie du “tout-pros”, adoptée par Cavalli, et visiblement “consentie” par la fédération de football, bien qu'initialement le choix soit tout autre. En fait, à voir de près, Cavalli navigue à contre-courant des options stratégiques de la FAF. Le président, Hamid Haddadj, avait annoncé, au lendemain de son élection à la tête de la fédération, que “l'EN devait être construite à partir d'un noyau de joueurs évoluant en Algérie renforcé par des éléments expatriés de qualité supérieure”. Haddadj avait même admis à l'époque que “les pros qui présentaient un profil convaincant se comptaient sur les doigts d'une seule main”. Aujourd'hui, l'option a changé. Cavalli est même parvenu — visiblement — à convaincre son employeur qu'il a vu “tout faux”. Bien mieux, Cavalli se permet même le luxe d'écarter un Hadj Aïssa, le meilleur joueur du championnat, dont on prédit, 22 ans à peine, le plus brillant avenir. Il pousse le culot jusqu'a “l'allumer” sur une chaîne de radio française, sans que cela émeuve personne à la FAF. Tout le monde sait que Cavalli a menti sur RMC au sujet de la prétendue simulation de blessure de Hadj Aïssa, à la veille du match contre la Guinée à Conakry. Même le médecin de l'EN, M. Yaguedah, l'a désavoué dans ces mêmes colonnes. Cavalli raye de sa liste un joueur de qualité comme Yacef, sans que personne bouge le petit doigt. Metref aussi. Ils ne sont, certes, pas nombreux en Algérie à mériter la sélection, mais les noms cités ont leur place d'une manière indiscutable. Leur dénier ce droit, c'est faire preuve d'un abus de pouvoir contre lequel la FAF ne peut rester indifférente. Comme elle ne peut pas rester muette devant la sélection de certains pros qui, franchement, n'ont rien à voir avec le niveau d'une sélection nationale. Des joueurs qui passent leur temps à chauffer le banc outre-mer et qui se voient honorer du fameux sésame des Verts. Cavalli retient même sur sa liste des joueurs qu'il n'a jamais vu jouer. Comment expliquer, à ce titre, qu'un élément, naguère remplaçant en Algérie dans un club entraîné par un technicien français, puisse aujourd'hui trouver grâce aux yeux de Cavalli pour la simple raison qu'il a trouvé preneur en Europe. Pour Cavalli, le premier critère pour jouer en sélection nationale, c'est évoluer en dehors du pays. Exception faite d'Achiou Hocine qui a disparu des Verts pour des rasions pas du tout évidentes. Achiou, qui évolue à Aarau en Suisse, n'est pas, encore une fois, retenu par Cavalli. Pourtant, c'était l'une des pièces maîtresses de cette sélection nationale. Ce qui est grave dans cette affaire, c'est qu'un manager trop gourmand, grâce auquel l'arrivée de Cavalli en Algérie a été rendue possible, serait à l'origine de la non-convocation d'Achiou. D'autres managers seraient aussi à l'origine de la sélection d'autres pros, histoire de faire monter leur cote afin d'en tirer les dividendes plus tard. Cela est inacceptable ! En outre, la mise à l'écart des locaux est un désaveu au travail accompli de toutes les structures et des dirigeants qui veillent à l'organisation des compétitions en Algérie. Les entraîneurs surtout qui, du reste, ont déjà affiché leur opposition aux choix de Cavalli. À ce titre, il est utile de s'interroger sur l'attitude de Mustapha Heddane, l'adjoint de Cavalli. Heddane ne peut continuellement cautionner une démarche contraire à ses convictions. Il ne peut assister, indéfiniment, au sacrifice des Hadj Aïssa, Yacef, Metref et autres Maïza, Bouguèche et Younès, des joueurs qu'ils a toujours défendus, sans qu'il soit lui aussi un jour comptable et responsable de complicité. S. B.