Face au phénomène de l'exode rural, des bidonvilles… les pouvoirs publics ont décidé de réagir pour mettre fin à cette situation. Avec l'embellie financière, un programme de 150 000 logements a été tracé, et déjà des centaines de familles ont été relogées dans des pôles urbains tel celui de Belgaïd dans la commune de Bir El-Djir, et Hay Nour à Oued Tlélat avec une capacité de 17 000 logements sociaux. Si une partie des relogés a quitté les bidonvilles pour un toit décent, ceux de l'habitat précaire et les mal logés des quartiers de Médioni, Sidi El-Houari, Bab El-Hamra, Scaléra, les Planteurs et autres quartiers populaires ont été affectés loin de leur environnement habituel. À Oued Tlélat, le relogement de 100 000 habitants dans une commune qui ne comptait que 18 000 habitants a créé un vrai déséquilibre social. Les premières 6 000 familles relogées sont complètement désarçonnées. "J'ai perdu mon environnement, mes amis et mes voisins pour être relogé dans un village à 30 km de chez moi. Du coup, je descends trois fois par semaine à Oran pour retrouver mes repères", confie un retraité originaire de Sidi El-Houari. Il n'est pas le seul puisque chaque matin des bus bondés de relogés prennent la direction d'El-Bahia. Face à l'insuffisance des infrastructures d'accompagnement et les travaux d'aménagement, le wali d'Oran, Mouloud Cherifi, a annoncé la levée du gel, et 300 milliards de centimes ont été débloqués pour achever ces travaux. Le secteur de l'éducation connaît une surcharge préoccupante malgré les efforts consentis avec un grand nombre d'écoles réceptionnées ou en cours de réalisation dans les différents pôles urbains. Même des établissements en préfabriqué sont préconisés afin d'absorber la surcharge. De son côté, la santé subit un coup dur avec le retard enregistré dans les travaux de construction de nouveaux hôpitaux de proximité. "La polyclinique d'Oued Tlélat est conçue pour couvrir une population de 18 000 habitants et non pas 100 000", peste un citoyen d'Oued Tlélat qui rappelle les attentes interminables des malades à la polyclinique. Le marché informel de la commune n'arrive plus à absorber les chômeurs parmi les relogés qui activaient dans leur quartier d'origine. Pour ceux ayant déjà un emploi, la navette Oued Tlélat-Oran les a complètement usés : "Auparavant à Médioni où j'habitais, je me levais à 7h du matin pour rejoindre mon lieu de travail, aujourd'hui, je suis contraint de me lever à 5h du matin quotidiennement", fait savoir un relogé. Devenus des cités dortoirs, les pôles urbains des relogés sont devenus la proie des dealers. Outre les produits illicites, la violence a remplacé le calme du village d'Oued Tlélat. Les services de sécurité tentent de couvrir le pôle urbain avec de nouvelles infrastructures ainsi que le renforcement du dispositif. Certes, un grand nombre de relogés s'est intégré à la vie sociale locale en rejoignant des associations et comités de quartier mais une poignée tente de déstabiliser le bon voisinage. "Heureusement que l'Etat est présent. Rappelez vous les 19 condamnations par la justice à l'encontre de violents individus qui ont occasionné des troubles avec les habitants locaux", souligne un père de famille qui se considère comme un miraculé après avoir été sauvé du bidonville d'El-Barki où ses enfants sont nés. Cependant, malgré toutes ces insuffisances, la bombe à retardement redoutée par les riverains est désamorcée, nous dit-on, en créant un climat de "bon vivre ensemble". NOUREDDINE BENABBOU