Cette manifestation scientifique internationale, qui a débuté samedi dernier, a permis aux participants de parcourir virtuellement deux millions d'années. C'est aujourd'hui que les travaux du séminaire international sur l'Aurès antique prendront fin au campus de Khenchela. Cette première manifestation scientifique internationale, organisée par l'université de la ville et le centre des études françaises Aouras, a été une véritable machine à remonter le temps. Une tribune est ainsi offerte aux différents chercheurs scientifiques sur l'histoire des Aurès. La rencontre a constitué une tribune aux différents chercheurs sur l'histoire des Aurès. Le conférencier Hamza Amirèche, de l'université Mentouri de Constantine, a donné le coup d'envoi à ce voyage qui a permis aux participants de parcourir virtuellement deux millions d'années tout en situant géographiquement la région. Cette dernière, réputée pour son massif montagneux représentatif de l'ensemble de l'Atlas saharien, est limitée au nord, par la plaine du bassin de Timgad, et à l'est, par les monts N'Memcha. Pierre Morizot, ancien ambassadeur de France et président d'Aouras, a traité de la bataille de Baghai qui a eu lieu en 539, menée par le prince Labdas. L'ancien ambassadeur, très engagé dans les recherches historiques sur la région, voit dans cette rencontre “une action collective nécessaire pour sauver les vestiges d'un passé”. la reine et les Byzantins La vie de la Kahina et la période durant laquelle elle a vécu ont été traitées par Yves Monderan. “La bataille de Sbetla, durant la période byzantine” a été le thème de la conférence donnée par le professeur Walker E. Keagi de l'université de Chicago. Lors de cette rencontre, plusieurs haltes ont été observées dans des sites, des périodes et des événements précis, tels ksar Roumia, la mosaïque de Bouzouamel et les épitaphes de Foum Ktiba. Ainsi, dans l'énorme forêt des Beni Melloul, le mystérieux ksar Roumia, que signalaient les cartes antérieures à la colonisation, a été découvert par le chef du poste forestier de T'Kout en 1891 sans en préciser, toutefois, la localisation. Ce n'est qu'en 1975 qu'un agent forestier allemand le photographia pour la première fois. La mosaïque de la Vénus de Khenchela et les épitaphes de Foum Ktiba sont deux autres vestiges que les participants ont redécouverts. La mosaïque qui remonte au IVe siècle fut découverte en 1961. Deux millions d'années d'histoire La période la mieux cernée est celle du néolithique. Un néolithique porté par de petits pasteurs fréquentant saisonnièrement la montagne dès le VIe millénaire avant J.-C. Comme dans le reste du Constantinois, le néolithique accuse ainsi un retard de 2000 ans par rapport à la néolithisation du Sahara central. À l'instar du reste du Constantinois, on ignore encore d'où sont venues les diverses tribus de cette civilisation. On en connaît, néanmoins, le support, soit la culture capsienne, dont les vestiges, malgré leur rareté, foisonnent dans les alentours. Côté population, le massif paraît peu peuplé. Il s'agit de la première nappe qui peupla le Nord de l'Afrique voici près de deux millions d'années et dont le piémont de l'Aurès, comme celui des montagnes sahariennes ou les hautes plaintes constantinoises, garde les traces. Il est probable que les sites de la région, tels que les abris, aient été également occupés par les hommes car la prospection préhistorique de l'Aurès est encore sommaire. C'est dire donc qu'il reste difficile de préciser si la région a bénéficié d'un peuplement continu ou discontinu. Le séminaire a été une véritable communion avec une partie d'un passé riche mais souvent sous-estimé par une jeunesse en mal de repères identitaires. Un constat que Abdelmalek Nasraoui, vice-président de l'association Aouras, a résumé : “L'Algérie doit retrouver son cadre culturel qui l'a toujours caractérisé depuis des millénaires. Nous n'avons à chercher notre identité ni dans l'Orient ni dans l'Occident. La jeunesse algérienne a besoin de repères. Ces derniers lui sont fournis entre autres par son histoire et ses traditions.” N. Benassem