La salle Frantz-Fanon de l'Office Riadh El-Feth (Alger) abritait, mardi dans la matinée, une master class du réalisateur-documentariste, producteur et scénariste belge Thierry Michel, dans le cadre du 9e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé, qui se tient jusqu'au 9 décembre dans les autres salles de l'Oref (Ibn Zeydoun et Mohamed-Zinet). En présence d'étudiants de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l'audiovisuel (Ismas), de l'INSFP (Institut national d'audiovisuel) d'Ouled Fayet et de l'école Oxyjeunes, Michel Thierry est longuement revenu sur sa carrière de cinéaste, entamée au début des années 1970 avec le documentaire Portrait d'un autoportrait. Un récit d'expérience aussi, où le réalisateur prodiguait ses conseils et son savoir-faire aux jeunes étudiants. À ce propos, il leur dira que les qualités principales d'un bon documentariste est de "savoir raconter une histoire, se glisser dans la peau d'un dramaturge afin de bien exposer, développer, créer le suspense et l'attente. La dramaturgie est pour moi la qualité fondamentale d'un bon documentariste. L'autre est d'être un poète". Et de poursuivre : "La réalité est triviale, parfois extrêmement dure, on se doit de porter le témoignage tel qu'il est, avec toutes ses contradictions et ses violences. On va surtout filmer la capacité de l'être humain à résister et son instinct de vie." Ces recommandations se traduisent dans ses œuvres, dans lesquelles il filme de simples gens, confrontés à des situations extrêmement difficiles, qui survivent et tentent malgré tout de préserver leur dignité, comme dans Hiver 60, Les gosses de Rio, ou en encore Congo River. Pour retracer cette épopée cinématographique, et afin de mieux faire passer son message aux étudiants, L'homme de Sable, du réalisateur belge José-Louis Penafuerte, a été projeté dans la salle. Cette œuvre met en lumière le caractère engagé du cinéma de Michel, qui traite de sujets délicats. La révolte des travailleurs belges dans les années 60, dans Hiver 60, l'excision des filles en République démocratique du Congo (RDC), dans L'homme qui répare les femmes, ou encore les enfants SDF du Brésil dans Les gosses de Rio, sont les quelques sujets de sa riche filmographie. Au terme de cette matinée qui a surtout permis de comprendre l'œuvre de Michel, les étudiants que nous avons croisés diront que l'apport de cette master class est important "d'autant plus que, pour le moment, le documentaire a été peu traité à l'institut où l'on est. Thierry Michel est une pointure dans le domaine, ses conseils, ses réflexions nous seront sûrement utiles dans le futur". Yasmine Azzouz