"L'Algérie est un géant énergétique par les ressources, mais un nain électrique par les capacités installées", a estimé le Dr Mhamed Hammoudi, directeur du développement du groupe Sotaro. Recourir aux énergies renouvelables (EnR) pour, d'une part, permettre de préserver plus de quantités de gaz à l'export et conforter la place de l'Algérie sur les marchés énergétiques et, d'autre part, pérenniser sa consommation nationale demeure un choix réaliste, mais aussi un défi à relever. C'est ce qu'a estimé, hier, le Dr Mhamed Hammoudi, directeur du développement du groupe Sotaro, lors d'une rencontre sur "le développement des énergies renouvelables en Algérie : potentiel, opportunités et défis" organisée par le Centre d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) à l'hôtel Sofitel d'Alger. Mhamed Hammoudi a évoqué dans sa présentation deux aspects, à savoir le volet énergétique et industriel. Le chercheur a mis en évidence l'extraordinaire et la diversité du potentiel de l'Algérie en matière d'énergie renouvelable, sa spécificité et sa répartition géographique. Présentement, 388 MW, en énergie renouvelable, ont été installés depuis 2011, dont 343 en centrales photovoltaïques réparties sur une vingtaine de sites, 25 MW en CSP (solaire thermique) hybride, 10.2 MW en éolien à Adrar et dernièrement 10 MW en hybride photovoltaïque gaz sur le champ de Bir Rebaâ Nord. Le taux de pénétration des EnR ne dépasse pas 0,15% et cumule 1,05% avec l'hydraulique. Selon M. Hammoudi, le taux national de consommation de gaz est passé de 31% en 1991 à 46% en 2017, soit une croissance annuelle constante autour de 4%. Le chercheur a évalué le potentiel solaire photovoltaïque moyen algérien, pour une technologie polycrystalline à Inclinaison fixe optimale, à 2 634 960 térawattheures (TWh) par an, qui correspond à 105 fois la consommation électrique mondiale autour de 24 800 TWh/an. Il a ajouté qu'avec un taux moyen de consommation de 260 mètres cubes par MWh, le potentiel algérien en EnR serait équivalent a une réserve annuellement renouvelable de gaz naturel de l'ordre de 715 503 milliards de mètres cubes. La réalisation du programme des énergies renouvelables permettra d'atteindre à l'horizon 2030 une part de renouvelables de près de 27% dans le mix national d'électricité, permettant d'épargner, annuellement, 38 milliards de mètres cubes de gaz naturel. En diversifiant ses installations EnR vers l'éolien qui peuvent assurer une capacité de 5 010 MW, l'Algérie pourrait profiter pleinement de son potentiel éolien estimé à plus de 12 925 TWh/an. M. Hammoudi a relevé les possibilités d'exportation de l'électricité vers les marchés européen et africain. Le chercheur a indiqué que l'Algérie a demandé d'adhérer au marché spot européen. Mais c'est surtout l'Afrique qui représente un marché énorme. La consommation de l'électricité par an et par habitant est de 540 kwh. Pour le chercheur, l'Algérie est un géant énergétique par les ressources, mais un nain électrique par les capacités installées. M. R.