Les potentialités de l'Algérie dans le domaine des énergies renouvelables (EnR), en termes de production pour le marché local, d'exportation, de défis liés au stockage, en plus de la préservation des ressources en gaz pour l'export, ont été au centre de la conférence, présentée hier, dans le cadre des matinales du club de réflexion sur l'entreprise (CARE), par le Dr M'hamed Hammoudi, spécialiste international, qui travaille actuellement avec de jeunes chercheurs algériens sur le potentiel algérien en énergie renouvelable et sa répartition géographique. Intitulée «Le potentiel, les opportunités et les défis de la mise en place des énergies renouvelables en Algérie», la conférence a permis de mettre en lumière les défis qui se posent à l'Algérie et les nécessaires investissements pour réaliser son ambitieux programme dédié au renouvelable. A la question de savoir si notre pays n'a pas pris de retard pour investir dans ce domaine, le professeur Hammoudi est catégorique : «Non, l'Algérie n'a rien raté.» Elle peut, au contraire, mieux profiter actuellement des coûts plus abordables des équipements dans le solaire et l'éolien et de l'avancée technologique constatée depuis une dizaine d'années notamment. Pour le conférencier, l'Algérie dont la consommation électrique croît de 7% chaque année, avec des pics allant jusqu'à 11%, peut produire suffisamment d'énergie d'origine renouvelable pour sa consommation locale, et préserver ainsi le gaz pour mieux asseoir sa position à l'export, tout en s'ouvrant de nouvelles opportunités d'exportation d'énergies renouvelables vers l'Europe mais aussi vers l'Afrique. Il y aurait, selon l'expert, un potentiel énorme à exploiter en investissant dans les moyens de connexion via la Mauritanie – pays déjà connecté au Mali –, ce qui faciliterait le transfert de l'énergie produite vers les pays du Sahel. Le conférencier soutient que le recours aux EnR est «un choix réaliste, mais aussi un défi à relever». Il permettrait, «d'une part, de préserver plus de quantité de gaz à l'export, conforter la place de l'Algérie sur les marché énergétiques et, d'autre part, pérenniser sa consommation nationale». Il indique que «388 MW ont été installés depuis 2011, 343 en centrales photovoltaïques réparties sur une vingtaine de sites, 25 MW en CSP hybride, 10.2 MW en éolien à Adrar, et dernièrement 10 MW en hybride photovoltaïque-gaz sur le champ BRN». Le Dr Hammoudi a mis, par ailleurs, en avant, la nécessaire amélioration des moyens de stockage des énergies renouvelables qui sont intermittentes. Il estime qu'en investissant dans de nouveaux procédés technologiques – autres que les batteries dont la durée de vie est minime –, en optant notamment pour le système hydrogène, garantirait une disponibilité plus longue de l'énergie produite qui pourra être utilisée selon la demande des consommateurs. Le conférencier a, par ailleurs, passé en revue les volets du Programme national de développement des énergies renouvelables (PNDER), lancé par les pouvoirs publics. Un programme qui permettrait au pays, rappelle l'expert, l'installation d'une puissance globale de 22 000 MW, en se basant sur des technologies économiquement matures, lui permettant d'atteindre à l'horizon 2030 un taux de 27% en énergies renouvelables dans sa production électrique. Il estime que «la mise en service et connexion de ses centrales au réseau a été un réel défi pour Sonelgaz, qui a été habitué à utiliser des sources conventionnelles, alors que les sources renouvelables sont de nature intermittente et dépendent fortement des conditions climatiques locales du site de production. Cet aspect intermittent demeure un défi pour la communauté internationale et recourir à des solutions de stockage conventionnel ou non conventionnel ou bien d'hybridations permettrait de s'affranchir de la gestion des déficits et des surplus d'énergies induits par le dimensionnement des capacités renouvelables. De plus recourir systématiquement au système d'énergie hybride (SEH) permettrait de réduire le carburant (diesel) des centrales des sites éloignés», soutient encore l'expert. Ce dernier rappelle, en outre, que pour «mettre en place et concrétiser le PNDER, les autorités publiques s'appuient, d'une part, sur Sonelgaz et, d'autre part, sur l'implication du secteur industriel privé et public». Ce dernier a entrepris, selon lui, depuis des années la mise en place de partenariats avec des entreprises leaders dans le secteur afin de pérenniser le transfert du savoir-faire et les techniques inhérentes au domaine et métiers du renouvelable. Cette implication, permet, selon le Dr Hammoudi, aux autorités publiques d'augmenter le taux d'intégration nationale et de dépasser même ses objectifs qui étaient de 80% pour le solaire photovoltaïque. La mise en place d'une industrie dédiée à l'éolien permettrait également un meilleur transfert du savoir-faire et s'appuierait sur l'expérience acquise dans le secteur du photovoltaïque.