Assuré du soutien intéressé de Donald Trump, Riyad élève la voix au risque d'irriter davantage des sénateurs américains, y compris dans le camp du président. La pression exercée par le Sénat américain contre le président des Etats-Unis, Donald Trump, au sujet de son soutien aveugle au prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) et à la guerre d'agression saoudienne au Yémen, inquiète l'Arabie Saoudite. Prise de panique, l'Arabie Saoudite a accusé les sénateurs américains d'"ingérence flagrante dans les affaires internes au royaume", en référence aux deux résolutions adoptées jeudi dernier par le Sénat américain demandant à M. Trump de prendre ses distances avec Riyad et de cesser son soutien à MBS que tout accuse dans l'affaire de l'assassinat, le 2 octobre dernier, du journaliste opposant Jamal Khashoggi au consulat saoudien d'Istanbul, selon l'enquête turque et les conclusions de l'agence de renseignement américaine (CIA). "Le royaume d'Arabie Saoudite rejette la position exprimée récemment par le Sénat des Etats-Unis qui se fondait sur des affirmations et allégations sans preuve, et contenaient des ingérences flagrantes dans les affaires internes du royaume, sapant son rôle régional et international", a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué sur le site internet de l'agence de presse officielle saoudienne SPA. "Si le royaume d'Arabie Saoudite réaffirme son engagement à continuer à renforcer ses relations avec les Etats-Unis d'Amérique, il exprime également son inquiétude concernant les positions exprimées par les membres d'une instance législative honorable d'un Etat allié et ami", a ajouté le ministère dans cette longue déclaration. Assuré du soutien intéressé de Donald Trump, Riyad élève donc la voix au risque d'irriter davantage des sénateurs américains qui semblent décidés à débarquer le président des Etats-Unis de la Maison-Blanche, en raison de sa politique (surtout étrangère) qui a mis Washington dos à dos avec de nombreuses capitales, y compris dans le camp de ses alliés traditionnels. Mais ce que tente l'Arabie Saoudite, c'est de réduire le crime commis contre un journaliste et son ingérence dans les affaires internes d'un pays tiers qu'est le Yémen à de simples affaires internes à Riyad, alors qu'il s'agit de dossier qui concerne au plus haut point plusieurs parties au niveau régional et international. L'assassinat de Khashoggi n'est que l'arbre qui cache la forêt dans le dossier des atteintes par Riyad aux libertés individuelles et des droits de l'homme. Quant à sa guerre au Yémen, sous le couvert d'une coalition arabe soutenue par l'Occident, c'est une affaire qui relève de la violation du droit international qui, un jour, devrait être traitée par la Cour pénale internationale. Riyad est accusé en effet par plusieurs ONG humanitaires de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité au Yémen, mais continue de bénéficier du soutien de Washington et d'autres puissances qui empêchent l'ouverture d'une enquête internationale. D'ailleurs, depuis le début de la guerre d'agression saoudienne contre les houthis au Yémen, en mars 2014, plus de 10 000 personnes (en majorité des civils) ont été tuées et la crise humanitaire menace la vie de 20 millions de Yéménites, selon l'ONU. Lyès Menacer