Visant un véhicule de l'armée américaine, un kamikaze a tué hier vingt-quatre enfants irakiens âgés de 10 à 13 ans dans une attaque suicide. L'attaque suicide s'est produite alors que des soldats américains étaient venus bloquer les issues du quartier Bagdad al-Jadida et avaient demandé aux habitants de rester chez eux, après avoir été prévenus de la présence d'un kamikaze y circulant dans une voiture piégée. Selon un témoin présent sur les lieux, “des enfants ont entouré les Américains, qui leur tendaient des sucreries, quand, soudain, la voiture piégée a surgi d'une rue latérale et a explosé”. “Nous avons reçu les corps de 24 enfants de 10 à 13 ans”, a affirmé un responsable de la morgue de l'hôpital Kindi, après qu'un kamikaze eut fait exploser sa voiture contre un convoi américain sur une voie rapide du sud-est de Bagdad, vers 10h30. Dix-huit enfants blessés ont été admis dans cet hôpital et deux autres ont été évacués vers un hôpital militaire américain. À l'hôpital, dont les couloirs baignaient dans le sang, des femmes en pleurs se frappaient la tête en signe de deuil, alors que plusieurs pères de victimes dénonçaient le fait qu'une fois de plus, des innocents tombent sous le coup des attaques de la guérilla, qualifiant de “criminels” les responsables de l'attentat. “Un chauffeur s'est approché d'un Humur américain et a fait exploser sa voiture. Un soldat américain a été tué et deux autres blessés”, a affirmé le sergent David Abrams, un porte-parole des forces américaines à Bagdad. “Pourquoi visent-ils des civils, des Irakiens, nos enfants ? Ils ont juste détruit une vie américaine, mais ils ont tué des dizaines d'enfants”, s'est écrié Hassan Mohammed, dont le fils Alaâ, âgé de 13 ans, est mort dans l'explosion. “Ceux qui ont fait cela ne sont pas des résistants mais des criminels. Qu'ils se dévoilent au grand jour”, lance Hussein Rad, dont le fils de 11 ans a également péri. “J'étais chez moi, j'ai entendu une explosion, je savais que mon fils Mohammed était sorti, alors j'ai couru dans la rue, mais je n'ai retrouvé que sa bicyclette. Je suis venu le chercher à l'hôpital et me suis dirigé à la morgue. J'ai reconnu mon fils à son visage, parce que le reste de son corps était calciné”, raconte Abou Amed. Radi Hamoud a, lui, retrouvé son fils Houssam, 13 ans, mais il a perdu ses deux jambes et se trouve dans un état critique. “Ils ont tué tous les enfants du quartier”, pleure-t-il. Enfin, selon l'armée américaine, un GI a été tué et deux autres ont été blessés dans l'attentat, ce qui porte à 1 751 le nombre de soldats américains morts en Irak, depuis l'invasion du pays en mars 2003, selon un bilan établi à partir des chiffres du Pentagone. K. A./ Agences