Ils étaient, la semaine passée, des centenaires de milliers à investir la rue pour une marche très révélatrice de leur détermination. Ils disent dépasser le million pour le "10e acte" avec une nouvelle organisation à même de donner plus d'efficacité à leur mouvement. Il s'agit des étudiants algériens qui mènent la valse chaque mardi depuis le 26 février dernier, et leurs pas de danse sont loin d'être anodins. Et même si elle n'a rien d'artistique, la scène qu'ils occupent chaque mardi marque, de manière indélébile, les esprits. Contactés hier, les représentants des étudiants de plusieurs universités d'Alger et de ses environs disent être "plus déterminés que jamais à apposer leur empreinte en ces temps décisifs pour l'avenir de l'Algérie". Et pour cela, la grève continue quitte à ce qu'ils fassent année blanche. Votée à l'unanimité une nouvelle fois lors des assemblées générales, cette semaine, les étudiants envoient un message fort en direction de ce système qui, de leur avis, "s'entête à laisser la situation atteindre le pourrissement". Leur protesta monte d'un cran. Et c'est toujours en pacifistes, même s'ils ont goûté à la matraque, aux jets d'eau, aux gaz lacrymogènes, qu'ils passent à l'offensive. "C'est par la prise de conscience politique, par le débat et par une nouvelle organisation de la manifestation que nous avons décidé de booster davantage notre mouvement", nous ont confié plusieurs représentants d'étudiants de différentes universités, expliquant que "la semaine passée, nous étions très nombreux à nous déplacer en carrés représentant chacun l'université ou l'institut dont il est issu. En effet, chacun se préparait dans son coin pour éviter d'être infiltré et voir ainsi notre mouvement partir en vrille. Nous avons fini par comprendre que c'est en rangs unis que nous serons plus à même de montrer l'ampleur de notre mouvement qui se maintient de plus belle, malgré toutes les pressions que nous subissons". Et de poursuivre : "Nous avons créé un atelier d'organisation qui regroupe des coordonnateurs de la Faculté d'Alger, ainsi que ceux de l'Ecole polytechnique, de l'Epau, de l'Inelec, de l'INA, de l'ISI, etc. Aussi, les lieux et l'horaire des rencontres sont décidés et publiés. Cela va inéluctablement de pair avec l'atelier-slogans qui confectionne les pancartes, les banderoles, les slogans et les chants à reprendre pour appuyer notre marche de ce mardi." Des préparatifs qui sont d'ailleurs précédés, tout au long de la semaine, par des conférences-débats à même d'éclairer les étudiants sur certains faits politiques, juridiques et économiques en rapport avec l'actualité du pays et de discuter des différentes possibilités de sortie de crise. "Samedi dernier, nous avons reçu des représentants du collectif Nabni, suivis hier matin de ceux de Jeunesse algérienne ou encore le jeune activiste politique Islam Benattia", a indiqué l'étudiante O. Meriem de l'Ecole polytechnique, ou encore L. Ania de l'Université de Bab Ezzouar (USTHB) qui s'est dit investie avec ses autres camarades dans de grands préparatifs des banderoles dans l'un des halls de l'université à la veille de la grande marche… Nabila Saïdoun